Où vous trouverez des données sur la spiritualité, les traditions sacrées, les religions, le symbolisme, l'ésotérisme chrétien et les vieilles pierres bavardes.
Où l'idéal chevaleresque s'écrira au fil de ces lignes.
Où vous trouverez des clés pour ouvrir des portes.
Où vous lirez toutes les correspondances avec votre propre pèlerinage et le jeu de l'oie, tantôt à passer des ponts, tantôt à être bloqués dans des compréhensions figées, tantôt propulsés vers quelque nouvelle étape.
Où vous me trouverez peut-être à une croisée de chemins.
Où vous trouverez je l'espère l'étrange et lumineux pèlerin d'Emmaüs.

jeudi 31 janvier 2008

Lacapelle Livron


La commanderie de Lacapelle Livron figure parmi les plus puissantes de l'Ordre Templier dans la région.
Le Comte de Toulouse entérine en 1227 une donation de terres faite au Commandeur "Doat Garssia" et ses frères.
L'ensemble bâti comporte une tour de guet à machicoulis, un pigeonnier, une chapelle Templière (aujourd'hui église St Sauveur). Dépendances, villages et églises environnantes formaient les biens de la Commanderie dont les limites étaient bornées par les possessions d'autres Commanderies.
Le corps de bâtiment adjacent est maintenant devenu propriété privée. On imagine aisément sur la photo ci-dessous l'unité de la maison des Blancs Manteaux dont la circulation interne en était facilitée par couloirs et passages hauts.


J'en ai parlé un peu dans un ou deux articles, destin étonnant que celui du Temple, fauché, écrasé, heureusement éparpillé (dans les pays du refuge et Ordres amis) pour la survivance de ses valeurs.
Les Templiers (nommés ainsi car logés premièrement dans le palais de Baudouin II à l'emplacement du Temple de Salomon dont il subsiste aujourd'hui le mur des lamentations), verront se clore leur histoire publique sur l'île aux juifs, dans un bûcher hâtivement allumé par Philippe le Bel.

L'espace de l'Ordre est aux dimensions du monde. Par terre, par mer, il se répand selon les routes de commerce et d'échanges, sur les champs de bataille, et dans le secret des palais musulmans. La communication se fait sur un plan intellectuel dans la grande courtoisie de ceux qui garder un temps pour la paix au sein de la guerre. Comment expliquer la grande tolérance des Templiers, qui accueillirent dans une Commanderie des Cathares persécutés ?
Ce qui se déchirait sur le plan belliqueux s'unissait par le haut dans des conversations théologiques sur l'Amour divin, l'unité des amants de Dieu sous les auspices du christianisme johannique et du soufisme Perse.
La persistance de l'esprit du Temple, sans éviter l'évocation de la triste récupération sectaire avec suicide collectif que l'on a vu, survit depuis des siècles par le biais des assimilations synthétiques inter-religieuses véhiculées dans les courants souterrains ésotériques; Au grand jour, impossible ! Comment parler d'Allah, le Clément le Miséricordieux en songeant à Dieu le Père sans s'attirer les foudres des séparatistes de genre ? N'a-ton pas vu une ancienne mosquée transformée en église à Jérusalem "prêtée" à l'ambassadeur de Damas vers 1140 pour qu'il puisse prier ? Le musulman se tourna vers La Mecque : Un Franc le saisit et l'oblige à se tourner vers l'orient conformément à l'orientation chrétienne; Les chevaliers du Temple s'excusent auprès de leur hôte mahométan en expliquant que le rustre vient d'arriver récemment et qu'il ne connaît pas les usages.
Allez les ré-accoutumer à la dogmatique exclusive de Rome de retour en Occident ! Ce sont les grands protecteurs des maçons francs, libres, familiers des enseignements des moines à la croix de gueules (rouge).
La Franc-Maçonnerie dont les origines inconnues se lisent en suivant les lignes de fuite perdues dans le passé opératif et chevaleresque de son histoire, semble transmettre à voix basse, d'oreille à oreille dans ses rites, la prière d'un Blanc-Manteau du Templum.

lundi 28 janvier 2008

Avez-vous fait votre Techouvah ?

Le retour à (en) Dieu. Telle est la Techouvah. Ce qu'elle couvre comme sens est bien plus vaste encore qu'une simple repentance. Un mélange de regret transpercé par l'amour, une pénitente contrition. Partie intégrante de la foi juive, la Techouvah (voyez la majuscule) est immensément grande dans ce qu'elle offre au pécheur repenti, puisqu'elle réintègre l'homme dans l'intimité divine. C'est un demi-tour qui répond à l'appel de l'Eternel (béni soit son Nom) : "Adam où es-tu ?" (Genèse chapitre 3 verset 9).

Dans les commentaires rabbiniques, il est dit que la Techouvah est plus ancienne que la création du monde. Ainsi, la miséricorde se trouve être antérieure à la juste rétribution de nos oeuvres. Loin de l'idée d'un dieu père-fouettard ! La liberté fondamentale de l'homme a deux faces : L'une lui offre la possibilité de s'écarter de la Loi d'amour et d'en subir les effets, l'autre le détourne de ses plaisirs et de ses inquiétudes en l'orientant vers le "Tout-Autre". Décentré de lui, paradoxalement, l'homme se recentre sur l'essentiel.

Sommes-nous statiques sur le tapis roulant du temps et de l'espace ? Rien n'est déterminé dans la Techouvah, et aussi loin sommes-nous allés, aussi près de Lui la Techouvah nous réintègre.

Ce retour est de sens plus large qu'un simple retour du juif à sa foi, ou qu'une repentance datée dans un rite annuel. Ce retour concerne également TOUT HOMME susceptible de revenir à la Source Mère de la Vie.

Que l'on se convertisse lentement tout au long de sa vie, ou que l'on se tourne vers Dieu chaque matin, revenir en Techouvah est un acte fondamental qui oblige à se connaitre soi-même sans mensonge pour en voir la vérité crue ("Mais tu aimes la vérité au fond de l'être", Psaume 51,6). Que peut Dieu pour nous si nous nous cachons de Lui ? Nous chercher ! "C'est Dieu qui court après le pécheur et qui le fait revenir à Lui..." Jean-Marie Baptiste Vianney.)

Il s'agit d'une authentique métamorphose de la personne, qui rompt avec des attitudes de rejet conscient ou non de Dieu. Suffisant ? Non. Il ne suffit pas de couper les liens qui tiennent éloigné, il faut aussi que le désir pousse et mette en mouvement.

Une autre signification, est "réponse". Cette réponse (confirmation) de Dieu qui indique que l'acte est bon ne peut être systématique puisque "l'essence de la Techouvah réside davantage dans le retournement que dans la réponse. Si cette réponse était immédiate et directe, il n'y aurait, dans un certain sens, plus de Techouvah ! ayant atteint son objectif, elle serait achevée, alors que son but est tout autre : il s'agit d'accroître la tension qui mène à la conscience, à la nostalgie et au désir. Tant que l'acte de la Techouvah persiste, persiste également la quête, l'effort de l'âme pour obtenir de l'Autre cette réponse qui tient en un seul mot : "J'ai pardonné"; (...) Adin Steinsaltz dans La rose aux treize pétales".
Par le processus bien connu (des amoureux de Dieu) qui fait qu'en se rapprochant de Lui la peine d'en être éloigné s'accroît, celui qui revient en Techouvah connaît qu'il progresse.

Dans l'esprit de la Cabbale, un fait produit dans le monde de l'action ne saurait rester sans répercussion dans les autres. En ce sens, la Techouvah remonte le temps en délitant les mécaniques de "cause-à-effet" enchainés par l'habitude. L'entrainement d'une transgression à l'autre cesse, l'être se réoriente.

La conscience de la maladie stoppée ne mène pas encore à la guérison. Le but est tout de même la réparation du mal produit qui devient du même coup le terreau d'un plus grand bien.

Bientôt le Carême !

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dimanche 27 janvier 2008

A venir...

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Prochainement sur vos écrans, dans l'ordre ou le désordre :

- Avez-vous fait votre Techouva ?

- Persistance de l'esprit du Templum

- Les 2 clochers des Essarts

- Oeil, tétragramme et delta

Et puis des choses et d'autres, toutes pour une évolution ascensionnelle... la nôtre.

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samedi 26 janvier 2008

Landeronde, poutres et retables (2)

Les retables sont classés aux monuments historiques.
Le retable principal est situé tout au fond du choeur, en position centrale, au-dessus du maître-autel en pierre sculptée et peinte. Il s'agit de l'assomption de la Vierge Marie au ciel, emportée par les anges. Daté de 1722, il est signé MARTINEAU dans le soubassement.


200 ans avant la proclamation du dogme de l'Assomption par Pie XII, la figuration ici présente témoigne de la piété populaire que le dogme ne fait qu'entériner. Textes apocryphes et révélations privées forment parfois la base de doctrines catholiques étagées successivement les unes par rapport aux autres : Un credo évolutif en quelque sorte. C'est la particularité du catholicisme peut-être plus prononcée que dans l'orthodoxie encore. Nos frères et soeurs protestants s'en étonnent, eux dont la Parole révélée dans la Bible constitue la référence première. Ainsi s'explique la croissante importance de Marie durant vingt siècles, jusqu'à son éminence actuelle.
A la suite du Christ, son Fils, la Vierge s'allongea dans le sommeil de la mort, ressuscita incorruptible et fut admise dans le Saint des Saints véritable, Dieu. Ca ne vous rappelle rien ? Demandez à Hiram.

Un peu avant le choeur, au sud, un retable de moindre grandeur, St Marc surplombe un autel en granit gravé de la date 1585.



L'évangéliste retrace la vie de Jésus dont Pierre lui a raconté les épisodes et transmis les paroles. L'inspiration lui vient d'En-Haut, telle un rayon lumineux émané d'une nuée circulaire traditionnellement enveloppante des représentations de Dieu le Père (parfois sous la forme d'une écharpe ou d'un voile). Rayon/Esprit-Saint, nuée/Dieu le Père et croix/Jésus-Christ, en trois symboles circonscrits dans un espace réduit de l'oeuvre, la Sainte Trinité chrétienne !

Un autre élément intéressant, est le lion aux pieds du rédacteur de l'évangile. Regardons un peu la tête. Gueule aux dents serrées, toute la moitié supérieure est quasi humaine. Solaire dans sa crinière, fort par sa machoire, spirituel par sa face anthropomorphe : son animalité assagie (couchée) reste déterminée dans tout ce qu'elle a de plus haut, la tête, siège de l'esprit.

Troisième et dernier retable, La Vierge remettant un rosaire à St Dominique De Guzman et l'Enfant Jésus un autre à Ste Catherine de Sienne. Aux pieds de Dominique, un chien tenant dans sa gueule une torche. Pourquoi ?


Le latin facilita un jeu de mots avec l'ordre des dominicains, DOMINICANIS. Il suffit de séparer le nom en deux, et nous avons DOMINI CANIS, littéralement "le chien du Seigneur". Pour le flambeau, il est à mettre en parallèle avec la parole doctrinalement orthodoxe portée en terre hérétique; La mère du Saint eut, dit-on, avant la naissance de l'enfant un songe : Il parcourait le monde de sa parole enflammée...

Allez, un petit bonheur pour terminer. Le tétragramme divin dans un triangle qui lui-même se trouve dans un delta. Au nombre d'or ?



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jeudi 24 janvier 2008

Landeronde, poutres et retables

Il existe une trace très ancienne d'une église à Landeronde (85). Le cartulaire de l'abbaye de Talmont relate qu'entre 1058 et 1180 des familles dont celle de JOSSELIN donnèrent aux moines une part de leurs biens qu'elles possédaient dans l'église de "LANDA ROTUNDA", au presbytère ou dans les borderies d'alentour.



Une croix hosannière de 1599 très simple dans son allure veille à l'entrée, à l'ancienne place du cimetière traditionnellement accolé aux lieux sanctifiés. Les morts toujours proches des vivants, et les vivants proches de l'idée de leur mort.

Un renard sculpté dans un contrefort de l'église semble indiquer qu'une noble famille en favorisa l'édification.

Rentrons par le portail du XVI° aux archivoltes toriques et découvrons d'un coup d'oeil le plan rectangulaire dévolu au culte. La charpente aux poutres apparentes depuis la suppression du faux plafond ouvre vers le haut l'espace et lui rend son sens de barque de Pierre.


Sur l'une d'elles, une date, 1605. Une autre, et pas la moindre, est la fameuse "poutre de gloire", séparant le peuple du célébrant, le lieu du rassemblement et le lieu de la consécration, le profane et le sacré. Le muret ou balcon du "Jubé" a disparu, mais la poutre témoigne de cette ligne d'où était lue la Parole et annoncé le prêche. Plusieurs traditions notamment dans l'orthodoxie ont gardé cette tradition remontant au second siècle de l'ère chrétienne (iconostase). Le symbolisme fait référence bien sûr au Temple de Jérusalem et comporte cette notion de "voile" séparant la partie "temple" et la partie "Saint des Saints", mais y lie aussi la chair déchirée du Christ dans la Bible (Hébreux chapitre 10 verset 20). D'où le surplomb fréquent d'une croix ou de la scène de la Passion comme ici.


L'iconostase est un mur d'icônes dans les rites orthodoxes trouvant sa pure expression pédagogique en Russie, par cinq rangées d'icônes. La plus haute concerne la période vétéro-testamentaire antérieure à la Loi, celle des patriarches. La seconde celle des prophètes; Encore plus bas, les fêtes liturgiques, puis la rangée de la déesis (saints, martyrs, apôtres, anges...) et enfin à côté des portes royales empruntées par les célébrants le Christ au Sud, et la Vierge au Nord. Comment ne pas penser à la disposition traditionnelle des lieux orientés correctement aux points cardinaux, attachant au sud le plein soleil et au Nord la réflexion lunaire de la lumière. La Vierge Marie a de nombreux égards possède cette image d'accueil de la véritable lumière de l'Incarnation et de sa restitution humble.

Mais approchons-nous des retables, ils veulent nous parler je crois... à suivre.

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mardi 22 janvier 2008

La peinture de Rudyard


Joseph Rudyard Kipling (1865 - 1936) fut poète et romancier anglais. Ses parents lui donnèrent le nom d'un lac (Rudyard) où ils se rencontrèrent.
Il était Franc-Maçon. Sa première loge, "Hope & Perseverance" était située à l'orient de Lahore dans le pendjab (le pays des cinq rivières). Encore une histoire d'eau.
Parmi ses plus fameux poèmes, "SI", "La loge mère", "Tu seras un homme mon fils". Le poème ci-dessous est un peu moins connu, il n'en possède pas moins la marque de l'auteur.
Notez l'allusion à la résurrection "à la fin !". Ils oeuvreront dans le bleu et l'or sans se fatiguer, en connaissants véritables.

A apprendre par coeur ? Les préférences des manuels scolaires vont ailleurs. Dommage.

Quand le dernier tableau sera peint sur la terre...

Quand le dernier tableau sera peint sur la Terre,
Les tubes de couleur, aplatis et vidés,
Les plus vieux tons, fanés dans un seul gris austère,
Les plus jeunes critiques, déjà décédés,
Nous prendrons du repos, – certes, on pourra s’y mettre, –
Oui, nous nous coucherons pour dix siècles ou vingt,
Et le Maître des Bons Ouvriers, – le Grand Maître, –
S’en viendra nous remettre à l’ouvrage, à la fin !

Et ceux qui furent bons vivront aux rives bleues :
Sur une chaise d’or, ils tendront, par monceaux,
Des flaques de couleurs aux toiles de dix lieues,
Des cheveux de comète formant leurs pinceaux;
Ils auront de vrais saints qui seront leurs modèles :
Madeleine, ou bien Lue, Pierre, Paul, et Thomas ;
Le temps fuira sur la séance, à tire d’ailes,
Sans que leur bras s’arrête, et qu’ils se sentent las !

Le Maître sera seul à donner la louange,
Le Maître sera seul à blâmer le labeur;
Nul ne travaillera pour l’argent, que l’on change,
Nul ne travaillera pour la gloire, qui meurt;
Mais chacun, isolé, là-haut, dans son étoile,
Rien que pour le travail qui donne son frisson,
Peindra, comme il la voit, chaque Chose sans voile,
Pour le Dieu tout-puissant de ces Choses qui sont !

R. KIPLING 1892
Traduction :Jules Castie

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dimanche 20 janvier 2008

La preuve par l'absence

A quelques tours de roues de Cahors dans le Lot, sur la commune de Cabrerets existe une grotte particulièrement intéressante. Pech Merle ! "Pech" vient de l'occitan et signifie colline.

Les cavités souterraines furent découvertes en 1922 par deux adolescents particulièrement téméraires : ils se sont engouffrés dans le boyau sans savoir s'il y avait possibilité de faire demi-tour. On les attendait là où ils avaient disparu, sûrs de ne plus les revoir ! Le curé de Cabrerets, l'abbé Amédée Lemozi recensa et étudia les nombreuses peintures et gravures de la grotte. La dégustation d'un cru artistique ayant 20000 ans d'âge ne se refuse pas. Donc visite.

Les peintures ont été réalisées à l'oxyde de fer et oxyde de manganèse, respectivement pour les rouges et les noirs. Les mammouths, les chevaux épousent astucieusement les découpages naturels de la roche. Lion, ours, brochet, bisons, auroch, cervidés constituent le bestiaire des profondeurs. Des femmes et un homme percé de flèches se promènent aussi au détour des salles voûtées de stalagtites, de cascades calcaires, de dentelles translucides. Ne sont-ce pas eux, ou l'un d'entre eux dont on peut voir les traces de pas adolescentes, figées dans le sol par le temps...

Notre guide nous arrête tout-à-coup pour nous montrer un fouillis apparent de traits gravés dans la roche, trop rectilignes pour être un délire d'artiste dans cette forêt de représentations préhistoriques. Il prend la parole : "Nous ne savons pas si ces gravures possèdent un sens lié à la chasse, à la religion, ou à un autre aspect de leur vie".
Je pense que le filtre de notre esprit hyper spécialisé dans tous les domaines de l'expression humaine atténue notre capacité de saisir instinctivement et synthétiquement plusieurs aspects dans le même temps. Il me parait évident que nos ancêtres ne raisonnaient pas comme nous, ou du moins n'avaient pas encore l'esprit à cloisonner la vie. La chasse pouvait bien être un acte religieux porté par une invocation aux divinités, comportant la phase du prélèvement substantiel dans la nature, et pourquoi pas un moment final de remerciement aux dieux ou esprits supérieurs. Leur spiritualité n'était pas forcément éthérée, mais probablement incarnée dans les actes de chasse, de procréation, de préservation du groupe... Un peu comme ces messages de pierre sculptés dans l'art roman, et que nous ne prenons plus que pour de l'art.

Des signes aussi : Beaucoup de de points organisés ou non, des pouces recourbés formant un crochet, et les mains négatives.



Signature du créateur des fresques ? Peut-être. Du sens ? sûrement. L'acte créateur laisse une empreinte. Erreur, je rectifie, pas une empreinte, un vide. L'homme a soufflé autour de sa main l'oxyde noir, créant dans ce brouillard obscur une marque d'absence : La main n'y est plus, mais le fait est là : le geste a défini l'espace de son expression par son retrait.
J'ose faire le lien avec la cabbale, la tradition ésotérique juive : L'Eternel (béni soit son Nom) opéra le "Tsimtsoum", la contraction de Lui-même. En lui, pure essence éternelle et infinie, rien ne se peut de corruptible. Il convenait qu'il se comprimât sur Lui-même afin de laisser un espace à l'Homme pour exister. En repliant la Lumière sans intensité ni dimensions autres qu'infinies, l'existence du monde de la matière devient possible. La condition à notre existence est aussi notre privation de Lumière dans sa plénitude. Privation totale ? Vous savez bien que non. Comment pourrions-nous désirer aussi vivement la Lumière de la Vérité sans qu'elle diffuse en nous un peu de sa nostalgie...

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vendredi 18 janvier 2008

Les deux natures du griffon

Vous connaissez l'histoire du griffon, cet animal fantastique, mi-lion, mi-aigle ? Il synthétise deux forces, l'une terrestre, l'autre céleste, mais toutes deux symboliquement solaires. La matière et l'esprit.

Attelés au char d'Apollon dieu grec de la clarté solaire, emblème du dieu égyptien Mandou ou déjà représentés par la civilisation Elamite (actuel Iran) au IV° siècle, ces bêtes fantastiques traversent les siècles par la tradition chrétienne jusqu'à nous en se retrouvant dans l'imagier des abbayes, des églises; Rapidement dans les premiers temps du christianisme en terre égyptienne, le symbole migrera vers les premières représentations christiques.
C'est également le pouvoir spirituel et temporel, sacerdotal et royal dont le lion-aigle porte le sens. (A ce titre, il est à noter que le pouvoir royal représente le monde terrestre, le sacerdotal le monde de l'intermédiaire et leur réunion le pouvoir céleste. Les deux premiers mondes ouvrent sur le troisième, accessible par leur parfaite union. Le ciel nous est ouvert par l'union inconcevable de Bethléhem !)

La référence à Jésus, médiateur entre le ciel et la terre, vrai Dieu et vrai homme permettra de retrouver dans l'art roman, gothique et renaissance de nombreuses allusions au Christ. La notion de double nature fournira inlassablement aux théologiens matière à définir le principe de l'incarnation divine, et aux tailleurs de pierre des sujets de transmission sacrée.
l'abbaye de St-Oyend dans le Jura nous parle d'un homme assailli par un griffon.

Nous pourrions dire également que nombre de cités sont représentées par cet animal de légende, En France (plus localisé dans l'est) et ailleurs, (surtout dans les pays nordiques), partout présent, toujours récupéré pour la puissance de sa symbolique. Créé pour la lutte, le griffon combat et veille, ce qui lui vaut peut-être son succès de protecteur des cités.

Ici en Catalogne sur le mur de la mairie de Sant Feliù, el grifo del Ajuntament :


Accessoirement emblème d'un constructeur de moteurs et d'automobiles, on le trouve couronné sur le logo de la marque. En fait, il apparait sur le sceau de la ville de Linkôping dont le blason du comté s'orne. La ville accueille la marque depuis 1939. Mettez un griffon dans votre moteur !

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mercredi 16 janvier 2008

Un poème du Tao-tê-king


"La Voie; cachette de toutes choses
Trésor du juste et salut du coupable
Les belles paroles vous valent du crédit
Les belles actions vous acquièrent du respect
Mais le coupable, à quoi bon le bannir

Si l'on couronne un empereur
Si l'on installe trois ministres
Laisse autrui présenter grands jades et quadriges
Toi, t'avançant sur les genoux offre la Voie

Si les anciens prisaient la Voie, serait-ce
Qu'elle est trouvée par quiconque la cherche
Que sa vertu rachète tout coupable ?
Oui, par la même c'est le trésor du monde."
LAO TZEU, "La voie et sa vertu", Tao-tê-king


Les écrits poétiques du Tao-tê-king ouvrent une ouverture vers la métaphysique dans une société chinoise baignée de confucianisme. La forme, le rythme du texte emmènent le lecteur au-delà de la pensée, là où le non-agir règne. Evitant les remous des sentiments et des raisonnements stériles, celui qui marche sur cette voie se tient immobile en lui bien qu'en mouvement sur ce chemin de retour vers le principe originel.

Eclairé par le non-agir, l'agir se fait spontané, intuitif. Il est un avec le cosmos. Le Tao est l'origine de toutes choses, le retour en lui s'opère dans une attitude sereine, humble, non rivale, éloigné de la violence et des richesses.
Ce poème évoque des thèmes essentiels du Tao-tê-king : La voie discrète réservée aux justes, la clémence réservée aux coupables, le retrait de la course aux honneurs, à la puissance et à l'argent, l'humilité, la valeur et l'efficacité de la Voie.

Et ailleurs : "La voie n'agit jamais or tout est fait par elle". Paradoxe de la réalité du principe-source, dont émane toutes choses créées, mais qui ne produit rien (du parfait ne peut sortir l'imparfait) mais dont l'absence permet l'expression de la matière. Pour peu, nous lorgnerions vers une certaine idée de la genèse portée par la Kabbale (Peut-être me permettrais-je bientôt ici de balbutier ce que mon esprit atrophié tente de saisir d'elle, c'est-à-dire infiniment moins qu'elle exprime).

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lundi 14 janvier 2008

La crypte des Essarts

Le site est habité depuis la préhistoire, et les romains "civilisèrent" l'endroit. Mais c'est au Moyen-Age que le bourg s'organisa réellement au coeur de terres défrichées (les essarts).

L'église romane du XI et XII° siècle (prieuré St Pierre) a été détruite par les colonnes infernales pendant les guerres de Vendée. L'édifice actuel a été construit sur les vestiges au XIX° siècle.


La crypte du XII° a subsisté : C'est un rectangle de 11 x 4 mètres, traversé par deux rangées de 5 colonnes, les trois nefs étant terminées par un hémicycle.

Des volutes en spirales et des coquilles St Jacques ornent les chapiteaux des colonnes.
Quelques rares restes de fresques font parler les murs. On discerne un ange à l'encensoir. Au milieu de la crypte, au pied d'une colonne, une dalle de pierre indique la présence d'une source.


Ah ! Ces sources jaillissantes, le sont-elles pour la vie des hommes qui sont venus ici offrir leur sacrifice d'adoration ?

Les cryptes qui traditionnellement formaient la part souterraine de toute église premièrement visibles au regard constituaient la valeur intérieure de la spiritualité dans sa version secrète. Il se concentrait, dans ce ventre religieux, les ossements ou la tombe de quelque saint. De cette chambre de communication avec Dieu, plus proche du centre de la terre que tous les autres centres, se fonde, se condense et se diffuse l'énergie de la grâce pour les gens du dehors. L'église au peuple croyant et à ses rites, la crypte aux orants et à leurs rituels d'invocation.

Il n'est pas rare et loin de là qu'une crypte soit à l'aplomb du choeur, lieu de la consécration. Traçons notre axe traditionnel passant par le centre de la coupole, traversant l'autel et atterrissant dans la crypte, à l'endroit où se croisent la prière des moines et la Présence divine.

Osons penser qu'il n'est pas toujours allé de soi que tout devait être au vu et au su de tous et que tout devait être dans la lumière, l'ombre appartenant au diable ! Nous atteignons un paroxysme superficiel, y compris dans le culte avec ce système de raisonnement. Il n'en a pas toujours été ainsi... Le peuple chrétien vivait sa foi à la surface, littéralement. D'eux, se détachait les cherchants, s'orientant vers la vie religieuse, sûre voie de connaissance alors en occident. Lettrés, la science leur était ouverte ainsi que la Bible inaccessible au chrétien "ordinaire". Tous n'ont pas les mêmes dons, ni les mêmes capacités à former la loge de Dieu en eux, et sûrement vaut-il mieux user de clémence plus que de justice à leur proximité.
La fameuse parole du Christ "Ne donnez-pas aux chiens ce qui est sacré, ne jetez pas vos perles devant les porcs, de crainte qu'ils ne les piétinent, puis se retournent contre vous pour vous déchirer." (Matthieu 7,6) signifie la même nécessité de protéger enceinte après enceinte l'essentiel de l'enseignement christique de la dilution profane. Vous êtes choqué par ce caractère élitiste de la vie intérieure ? Ne le soyez pas, vous le faites naturellement lorsque avec intuition vous vous gardez de parler de choses sacrées à ceux qui ne s'en serviraient que pour trainer dans la boue le Nom. Plus intérieur encore, le carré des proches du Christ veille à ce que soit conservé la connaissance des saints mystères dans toute sa pureté.

samedi 12 janvier 2008

A la cognée de l'arbre


Le panneau de bois se trouve dans l'église d'Apremont, Vendée. Je n'ai pas réussi à le dater, il semble antérieur à l'église qui est de 1902.

L'évangile de St Luc est le plus prolixe sur l'origine, la naissance, la vocation de Jean. Dans le texte juste après la dédicace à Théophile, le récit concerne "le précurseur". Zacharie et Elizabeth sont des "justes". Ils sont âgés, Elisabeth est stérile écrit Luc. Selon le tour de sa classe Zacharie va officier dans le Temple et est désigné pour offrir l'encens à l'Eternel, (béni soit son Nom). Le peuple est en prière hors du sanctuaire, réservé aux prêtres en un temps précis et selon une intervention codifiée.

Un ange apparait à droite de l'autel de l'encens :
"Sois sans crainte Zacharie, car ta prière a été exaucée. Ta femme Elisabeth t'enfantera un fils et tu lui donneras le nom de Jean...(...)". Il sera une allégresse pour tous, sera grand devant le Seigneur, ne boira pas de boissons fermentées, et sera rempli de l'Esprit-Saint dès le sein de sa mère poursuit l'ange. Il ramènera à Dieu ses enfants perdus et marchera avec la puissance et l'esprit du prophète Elie. Son but sera de préparer un peuple bien disposé. Bien disposé à quoi ? A recevoir "l'Envoyé", le Messie de Dieu qui doit venir après lui.

Zacharie questionne. Il est vieux et sa femme ne peut plus concevoir ! Peut-il avoir un signe pour que cette parole puisse être confirmée ? L'ange se nomme : "Je suis Gabriel qui me tient devant Dieu..." Il voulait un signe, il va l'avoir. Puisqu'il n'a pas cru d'emblée, le silence lui est imposé jusqu'à la naissance de l'enfant. Nature humaine ! Même si quelqu'un ressuscitait des morts, ils ne croiraient pas...

Zacharie ressortit muet du sanctuaire faisant des signes. Les croyants sûrent que quelque chose s'était passé, que deux mondes s'étaient rencontrés.
C'est à la naissance de Jean qu'il recouvrit la parole perdue, en verbalisant le nom de l'enfant choisi par l'ange. Sur le plan humain caractérisé par l'action, former une volonté de Dieu, c'est créer un élan spirituel dynamique qui entraine à sa suite des bienfaits telle la cause est liée à l'effet. Savez-vous que vous pouvez délier les mains de votre ange ? Voire même vous entourer d'anges par votre prière ?

Pour en revenir au panneau de bois, nous sommes arrivés au point où Jean, le prophète-joint de l'ancienne et de la nouvelle alliance aplanit les voies de l'Envoyé (le Christ) par une prédication de repentance. Au bord du Jourdain, les gens viennent à lui, altérés; Quelque chose émane de lui, y'a-t-il là un prophète ? Plus qu'un prophète ? homme du peuple ou docteur de la loi, scribe ou pécheur, sa parole est la même : "Produisez donc des fruits dignes du repentir" (Luc 3,8). Peut-être encore moins tendre avec ceux qui sont censés enseigner le peuple des choses de Dieu, et n'en retirant que des avantages pour eux-mêmes ou des contraintes supplémentaires pour le croyant.
Le baptême qu'il propose est d'eau, image extérieure d'une purification intérieure, la conversion : "Déjà même la cognée se trouve à la racine des arbres; tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu." (Luc 3,9).

Dans la scène représentée, J.B. est adossé à un arbre, il prêche à partir de symboles concrets ! D'autres arbres sont plus petits... N'est-ce pas l'homme dont la croissance ici-bas n'est que temporaire, dont l'enlèvement se fera tôt ou tard. Aura-t-il porté du fruit dans son retournement intérieur ? La variété de personnages représentée va dans ce sens. Une forêt humaine.
L'arbre auquel Le baptiste tourne le dos sera abattu prématurément dans un cachot, il recevra la dernière initiation par la décapitation, une collée suprême !
Clin d'oeil également à l'arbre de la Genèse et de l'Apocalypse. L'arbre de la connaissance de Dieu, l'arbre source.

Les auditeurs sont attentifs, ils semblent dire que faut-il que nous fassions ? Jean leur répond au cas par cas. Aux collecteurs d'impôts il demande de ne pas aller au delà de ce qui est prescrit, ce qui était la tentation première des publicains enclins à arrondir leurs fins de mois. Aux soldats, il conseille de ne pas faire usage d'abus de pouvoir. Au roi Hérode le tétrarque, de ne pas toucher la femme de son frère, ce qui lui vaudra l'emprisonnement.
A tous, il délivre ce message : "Pour moi je vous baptise avec de l'eau, mais vient le plus fort que moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses sandales; Lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et le feu."

L'ange Gabriel (de Gavriel "Dieu est ma force) a été proclamé par le Pape Pie XII en 1951 patron des activités de communication. Qu'il vous annonce la bonne nouvelle, et qu'il vous fortifie ! Et que la hache à la cognée de l'arbre serve à autre chose qu'à vous abattre. A ouvrir votre conscience, par exemple ?


jeudi 10 janvier 2008

Une cayenne compagnonnique


Zut ! un enterrement. Perdu pour les prises de vue de cette église de quartier, ça ferait désordre ! Un peu plus loin, je passe devant la Cayenne des Compagnons du Devoir. Mon appareil photo va servir, naissance d'un sujet !



Qu'est-ce qu'un Compagnon ? C'est un "companiomen" (du latin populaire), celui qui partage son pain avec un autre (cum panis). Des camarades de travail réunis par la fraternité, scellée dans le serment, vécue sur les chantiers. Perfectionnement du métier, perfectionnement spirituel également.

Origine commune perdue dans les couloirs du temps et n'ayant pas cessé de faire débat entre la Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage. Et le sera encore longtemps, au vu des nombreuses hypothèses tentant d'établir le début des débuts.
Les symboles sont universels, mais jamais aussi clairement exprimés d'une manière aussi concordante que dans ces deux ordres.
Certains tels René Guénon ont désigné le Compagnonnage et la Franc-Maçonnerie comme les deux principales sociétés initiatiques d'occident toujours en activité.
Opératifs (Compagnons) ou Spéculatifs (Maçons) tirent d'une source traditionnelle commune la réception et la transmission d'une connaissance initiatique à caractère révélé. Les ordres sont indépendants, mais la frontière est perméable pour de nombreux frères.

Il est inutile que je développe plus avant ce que de meilleurs ouvrages vous délivreront plus sûrement que je ne le ferais. J'apporterais toutefois une touche personnelle à l'évocation des Compagnons du Devoir.
La première fois que j'entendis parler du compagnonnage, ce fut par la série télévisée "Ardéchois coeur fidèle". Rappelez-vous, c'est le parcours d'un homme qui, pour venger son frère en retrouvant son assassin, intègre la société des Compagnons. Il le retrouvera, et s'en fera... un frère. Toussaint (Sylvain Joubert) va découvrir en Tourangeau sans quartier (Claude Brosset) un agneau devenu loup par la force des choses.
Critique des luttes compagnonniques fratricides, plaidoyer pour l'intelligence du coeur.

Ma deuxième rencontre avec le monde "bizarre" des ordres initiatiques fut ce livre de Jean-Pierre Bayard, "Le compagnonnage en France". Adolescent, je souhaitais pouvoir rentrer dans cette confrérie, ce que je ne fis jamais. Mais l'univers basculait, je découvrais des codes de conduite, une morale d'honneur, des rites structurants, un symbolisme sacré : Tout un monde inconnu derrière le rideau de mes savoirs scolaires, culturels et religieux. La sensation de n'être pas encore sur la voie royale qui vous construit.
Je tiens ce livre ce soir entre mes mains, les pages ont un peu jauni, mais l'intérêt qu'il suscite en moi est toujours neuf. Qu'il ait survécu aux autodafés successifs qui ravagèrent ma bibliothèque au gré de mes humeurs et de mes obéissances aveugles à des principes reste pour moi un mystère. Peut-être parce que ma mère m'en fit cadeau et que l'on se sépare plus difficilement de ce qui est affectif...

Faites des cadeaux ! Surtout ceux qui sont traversés par du sens, ils survivent aux années.

Pour aller plus loin, le site de Jean-Michel Mathonière.

dimanche 6 janvier 2008

Stop !


L'idéal serait que je ne poste rien pour exprimer ce que je veux faire passer aujourd'hui. Le silence. L'attention intérieure.

Absence de sons, ou présence d'autre chose ? Dans nos sociétés modernes tendues vers le rendement maximum, qu'il soit matériel ou intellectuel, Avons-nous encore le choix du rien et de son immobilité ?
Quel genre de consommateur de bruit êtes-vous ? Passez-vous d'un bruit à l'autre, d'un son à l'autre, d'une mélodie à l'autre sans laisser la possibilité aux temps morts... de vivre ?
L'envahissement continuel du bruit forme comme un espace isolant autour de nous, diffuse un brouillard auditif, et nous isole plus que ne le ferait une bulle de silence. Et surtout court-circuite toute pensée libre. N'est-ce pas terrible d'être soumis sans arrêt durable à la pensée médiatique, informations télévisuelles, musiques diverses, films à la philosophie hasardeuse...

- "Du temps ! Donnez-moi du temps et j'aurais le temps de m'arrêter !"

En êtes vous vraiment sûr... Si la journée faisait 48 heures, nous continuerions à courir après le temps, en remplissant de toute façon chaque minute. IL FAUT arracher ce temps-là. Tout nous engage à aller plus vite, plus fort, plus bruyamment. Suspendez tout, là ou vous êtes plusieurs fois dans la journée quelques secondes suffisent. Lanza Del Vasto appelait cela "le rappel". La présence à soi. Il définissait le "distrait" (entendons adonné à la distraction) comme quelqu'un hors de lui, sans aucune colère. Est distrait également celui qui se plonge dans les affaires. La distraction est une maladie de l'Esprit qui se guérit par "l'attention".

Retrouvez le luxe de ne rien faire. Osez figer l'instant, vous verrez que le mouvement devient alors intérieur. Les dépôts sans cesse agités vont se déposer au fond de vous, vous allez y voir plus clair. Votre corps va résister un peu, continuer à s'agiter, n'y faites pas attention : Il se lassera. Votre esprit fera de même, considérez ses sursauts, voyez-en l'inutile combat.

"Or donc, dites ! vous est-il arrivé, quittant la rue ensoleillée, d'entrer dans une cave ? Que voyez-vous dans la cave ? Le noir. Non, pas même le noir, mais bien un brouillis de particules lumineuses dansant devant les yeux. Et combien de temps vous faudra-t-il pour voir le noir ? Vingt minutes. Et s'il se trouve un trésor dans la cave, combien de temps pour voir ferliner le trésor ? Une heure.
Mais qui de vous est resté, une heure durant, le regard fixé sur l'ombre du dedans ?
Faites cela et vous verrez !"

Lanza Del Vasto, "Approches de la vie intérieure".

J'ose rajouter, vous LE verrez.


vendredi 4 janvier 2008

Les mages venus d'orient

Nous fêtons (du moins ceux qui y sont attachés à minima par la coutume) l'adoration des rois mages à l'enfant de Bethléhem, Jésus. Epiphanie est un mot d'origine grecque signifiant "manifestation". Voyons le texte tiré de l'évangile de Matthieu chapitre 2 :

1. Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d'Orient arrivèrent à Jérusalem
2. en disant : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu, en effet, son astre à son lever et sommes venus lui rendre hommage. »
3. L'ayant appris, le roi Hérode s'émut, et tout Jérusalem avec lui.
4. Il assembla tous les grands prêtres avec les scribes du peuple, et il s'enquérait auprès d'eux du lieu où devait naître le Christ.
5. « A Bethléem de Judée, lui dirent-ils ; ainsi, en effet, est-il écrit par le prophète :
6. Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n'es nullement le moindre des clans de Juda ; car de toi sortira un chef qui sera pasteur de mon peuple Israël. »
7. Alors Hérode manda secrètement les mages, se fit préciser par eux le temps de l'apparition de l'astre,
8. et les envoya à Bethléem en disant : « Allez vous renseigner exactement sur l'enfant ; et quand vous l'aurez trouvé, avisez-moi, afin que j'aille, moi aussi, lui rendre hommage. »
9. Sur ces paroles du roi, ils se mirent en route ; et voici que l'astre, qu'ils avaient vu à son lever, les précédait jusqu'à ce qu'il vînt s'arrêter au-dessus de l'endroit où était l'enfant.
10. A la vue de l'astre ils se réjouirent d'une très grande joie.
11. Entrant alors dans le logis, ils virent l'enfant avec Marie sa mère, et, se prosternant, ils lui rendirent hommage ; puis, ouvrant leurs cassettes, ils lui offrirent en présents de l'or, de l'encens et de la myrrhe.
12. Après quoi, avertis en songe de ne point retourner chez Hérode, ils prirent une autre route pour rentrer dans leur pays.

A l'orient parait la lumière, à l'orient se lève la lumière qui guidera les mages.

Le texte ne parle pas de rois, mais de mages. Ils ont vu l'astre à son lever (sont-ce des astrologues ?) et l'ont suivi. De leur part, il y a eu interprétation de signes éminents et clairs; Comment voyager longuement pour aller reconnaitre un roi juif sans une conjonction de certitudes...
Mentionnée par la tradition chrétienne naissante encore empreinte de judaïsme, pourquoi cette référence à une seconde tradition portée par des mages accourus de l'étranger ? les fils de ces deux traditions se croisent sur le métier à tisser de l'Oeuvre, le salut de l'homme s'amorçe, la connaissance tisse sa trame pour vêtir notre misérable nudité intérieure.

Les mages arrivent à Jérusalem. leurs déductions sont peu précises, il faudra que les prêtres et les scribes du peuple hébreu corroborent l'intuition magnifique des trois voyageurs pour que se réveille l'attente messianique. Là encore, les deux traditions se focalisent ensemble dans l'étude du lieu de résidence du petit roi...

Sur ce bas-relief roman mettant en scène l'épiphanie, le sens général est à la présentation de l'enfant-Dieu au monde, la mère est tournée vers nous, nous interpelle. Son siège est un trône qui "double" étonnamment sa posture : Marie dans la tradition catholique est le trône de Dieu.

Bas relief à l'occident, église de La Chaize-Giraud, Vendée.

Le tailleur de pierre auteur de cette scène suggère le mouvement : Le premier mage est debout, le second esquisse une génuflexion et le dernier est agenouillé. Il y a un mouvement dans l'adoration, celui de l'humilité.

Et nous en resterions là juste avant d'aller manger la galette. Or, il se trouve dans ce récit une instruction symbolique du plus pur jus ésotérique (souvenez-vous, ésotérique signifie "intérieur").
L'or, l'encens et la myrrhe. Les présents offerts au nouveau-né parlent du triple pouvoir respectivement de la royauté, du sacerdoce et de la prophétie. Quel rapport avec l'enfant ? Jésus issu de la lignée royale de Juda (descendant du roi David) sera prêtre à jamais selon l'Ordre de Melkitsedek; Son statut de prophète est compréhensible, les prophéties qu'il laissa en font preuve. (La figure de Melkitsedek duquel le Christ tient son sacerdoce est trop importante pour ne pas lui consacrer un sujet futur.)
La notion de triple pouvoir traverse la Tradition (avec un grand T) de l'ancienne alliance à la nouvelle telle un axe de transmission, dans tous les sens du terme ! Il n'était pas pensable que le Messie ne soit pas reconnu comme tel sans cette "certification" à caractère initiatique (Jean Tourniac ne dit-il pas "plus vive est la conscience du triple pouvoir, plus le caractère initiatique (...) d'un Ordre se trouve affirmé").

Un aspect particulier de la myrrhe est de rentrer dans la préparation des défunts selon le rite juif d'ensevelissement. Nos plus grandes joies ne sont-elles pas teintées de mélancolie parfois, puisque avant de nous relever dans la joie de la résurrection, il nous faut nous coucher dans la solitude de la mort. Qui le fait est un homme, que dis-je, un Homme Régénéré.

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mercredi 2 janvier 2008

Chouette !

J'hulule mes sujets de blog comme hululaient les chouans, imitant la chouette hulotte comme signe de ralliement ou d'avertissement.
La nuit est son royaume. Excellente époque pour évoquer la chouette en cette période de luminosité moindre.

A faire de la symbolique, l'ornière dans laquelle nous pouvons toujours retourner est d'énoncer une liste de significations jamais fouillées, piquées ici et là dans quelque dictionnaire. Une collecte d'éléments qui risqueraient de s'empiler comme les feuilles d'un livre sans jamais être ouvert. Je me propose donc de ne jamais déployer un éventail de données gratuites, mais de joindre celles qui peuvent se lier entre elles dans le cadre d'une expression cohérente de la tradition sacrée dans l'esprit des passeurs de "sens".



Ici en ornement de chapiteau un encadrement de fenêtre (église romane de La Chaize-Giraud, Vendée). La chouette nous parle donc d'obscurité, ou plutôt de lumière nocturne.

Son regard perce les ténèbres, c'est la conscience dans la privation de lumière. Là où règne l'obscurité, elle veille, elle discerne.

Symbole lunaire, n'est-elle pas visible lorsque le soleil se cache ? Comme la lune réfléchissant le soleil invisible, les chouettes romanes ou gothiques nous offrent à voir leur face ronde, tantôt orientées vers l'Autel, réfléchissant le soleil eucharistique, tantôt tournées vers l'extérieur (ici côté Nord/cimetière) pour diffuser la lumière reçue sur le "pays des ombres".


Plutôt néfaste dans la Bible avec le hibou qui lui est proche, En Lévitique 11,17 ces deux rapaces font partie des animaux interdits à la consommation. Idem pour Deutéronome 14,16. Dans le Psaume 102 verset 6, c'est la "Prière pour un malheureux qui dans son accablement répand sa plainte devant Yahvé"; le psalmiste se décrit comme ressemblant "au hibou du désert, (...) pareil à la hulotte des ruines". L'oracle sur Babylone dévastée du prophète Isaïe résonne comme un mauvais augure sur la perle des royaumes, ravagée dans sa gloire, appelée à être le repaire des hibous.

Une autre malédiction du même prophète concerne cette fois les nations (les peuples non-juifs) : "(...) Car c'est une colère de Yahvé contre toutes les nations, une fureur contre toute leur armée. Il les a vouées à l'anathème, livrées au carnage. (...) toute l'armée des cieux se disloque. Les cieux s'enroulent comme un livre, toute leur armée se flétrit, comme se flétrissent les feuilles qui tombent de la vigne, comme se flétrissent celles qui tombent du figuier. (...) Ses torrents se changent en poix, sa poussière en soufre, son pays devient de la poix brûlante. Nuit et jour il ne s'éteint pas, éternellement s'élève sa fumée, d'âge en âge il sera desséché, toujours et à jamais, personne n'y passera. Ce sera le domaine du pélican et du hérisson, la chouette et le corbeau l'habiteront; Yahvé y tendra le cordeau du chaos et le niveau du vide." (Isaïe 34,11).

Je profite de cette prophétie pour noter que le jour de Yahvé (traduction Bible de Jérusalem) est une dislocation céleste, un enroulement du ciel (rapport aux rouleaux scripturaires dont la configuration est perpétuée de nos jours par l'exemple du rouleau de la Torah). Embrasement des airs, chaleur et dessèchement, flétrissement et désertion... Je ne sais si Isaïe parlait d'évènements tels ceux qui se sont déroulés (sans jeu de mot) à Tchernobyl, mais le lien ne peine pas à se faire de lui-même. Et puisque nous en sommes aux images associées, Tchernobyl en ukrainien signifie "armoise" (absinthe). Apocalypse chapitre 8 verset 10 à 11 : "Et le troisième Ange sonna... Alors tomba du ciel un grand astre, brûlant comme une torche. Il tomba sur le tiers des fleuves et sur les sources; l'astre se nomme "Absinthe" : "le tiers des eaux se changea en absinthe, et bien des gens moururent de ces eaux devenues amères.

Prophétique ou pas, restons vigilants comme des chouettes, et sachons discerner dans la nuit du monde les extinctions de la conscience. "Voici, il ne sommeille ni ne dort, celui qui garde Israël." (Psaume 121, 4).


Restez loyaux et généreux !

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mardi 1 janvier 2008

Mes voeux

UNE ANNEE 2008 PLEINE DE GRACE ET DE LUMIERE
Pour chacun et chacune.
Puissiez-vous être acteurs de votre vie,
et coopérateurs de la Grâce !