Où vous trouverez des données sur la spiritualité, les traditions sacrées, les religions, le symbolisme, l'ésotérisme chrétien et les vieilles pierres bavardes.
Où l'idéal chevaleresque s'écrira au fil de ces lignes.
Où vous trouverez des clés pour ouvrir des portes.
Où vous lirez toutes les correspondances avec votre propre pèlerinage et le jeu de l'oie, tantôt à passer des ponts, tantôt à être bloqués dans des compréhensions figées, tantôt propulsés vers quelque nouvelle étape.
Où vous me trouverez peut-être à une croisée de chemins.
Où vous trouverez je l'espère l'étrange et lumineux pèlerin d'Emmaüs.

dimanche 20 janvier 2008

La preuve par l'absence

A quelques tours de roues de Cahors dans le Lot, sur la commune de Cabrerets existe une grotte particulièrement intéressante. Pech Merle ! "Pech" vient de l'occitan et signifie colline.

Les cavités souterraines furent découvertes en 1922 par deux adolescents particulièrement téméraires : ils se sont engouffrés dans le boyau sans savoir s'il y avait possibilité de faire demi-tour. On les attendait là où ils avaient disparu, sûrs de ne plus les revoir ! Le curé de Cabrerets, l'abbé Amédée Lemozi recensa et étudia les nombreuses peintures et gravures de la grotte. La dégustation d'un cru artistique ayant 20000 ans d'âge ne se refuse pas. Donc visite.

Les peintures ont été réalisées à l'oxyde de fer et oxyde de manganèse, respectivement pour les rouges et les noirs. Les mammouths, les chevaux épousent astucieusement les découpages naturels de la roche. Lion, ours, brochet, bisons, auroch, cervidés constituent le bestiaire des profondeurs. Des femmes et un homme percé de flèches se promènent aussi au détour des salles voûtées de stalagtites, de cascades calcaires, de dentelles translucides. Ne sont-ce pas eux, ou l'un d'entre eux dont on peut voir les traces de pas adolescentes, figées dans le sol par le temps...

Notre guide nous arrête tout-à-coup pour nous montrer un fouillis apparent de traits gravés dans la roche, trop rectilignes pour être un délire d'artiste dans cette forêt de représentations préhistoriques. Il prend la parole : "Nous ne savons pas si ces gravures possèdent un sens lié à la chasse, à la religion, ou à un autre aspect de leur vie".
Je pense que le filtre de notre esprit hyper spécialisé dans tous les domaines de l'expression humaine atténue notre capacité de saisir instinctivement et synthétiquement plusieurs aspects dans le même temps. Il me parait évident que nos ancêtres ne raisonnaient pas comme nous, ou du moins n'avaient pas encore l'esprit à cloisonner la vie. La chasse pouvait bien être un acte religieux porté par une invocation aux divinités, comportant la phase du prélèvement substantiel dans la nature, et pourquoi pas un moment final de remerciement aux dieux ou esprits supérieurs. Leur spiritualité n'était pas forcément éthérée, mais probablement incarnée dans les actes de chasse, de procréation, de préservation du groupe... Un peu comme ces messages de pierre sculptés dans l'art roman, et que nous ne prenons plus que pour de l'art.

Des signes aussi : Beaucoup de de points organisés ou non, des pouces recourbés formant un crochet, et les mains négatives.



Signature du créateur des fresques ? Peut-être. Du sens ? sûrement. L'acte créateur laisse une empreinte. Erreur, je rectifie, pas une empreinte, un vide. L'homme a soufflé autour de sa main l'oxyde noir, créant dans ce brouillard obscur une marque d'absence : La main n'y est plus, mais le fait est là : le geste a défini l'espace de son expression par son retrait.
J'ose faire le lien avec la cabbale, la tradition ésotérique juive : L'Eternel (béni soit son Nom) opéra le "Tsimtsoum", la contraction de Lui-même. En lui, pure essence éternelle et infinie, rien ne se peut de corruptible. Il convenait qu'il se comprimât sur Lui-même afin de laisser un espace à l'Homme pour exister. En repliant la Lumière sans intensité ni dimensions autres qu'infinies, l'existence du monde de la matière devient possible. La condition à notre existence est aussi notre privation de Lumière dans sa plénitude. Privation totale ? Vous savez bien que non. Comment pourrions-nous désirer aussi vivement la Lumière de la Vérité sans qu'elle diffuse en nous un peu de sa nostalgie...

°
° °

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Et si l'empreinte négative était tout simplement la signature de l'artiste ?
Une hypothèse comme une autre, mais c'était peut etre le seul moyen de témoigner : "c'est moi qui l'ai fait !".

Anonyme a dit…

On peut voir aussi la céation de "l'enfer" comme un acte d'amour. Où Dieu, crée un lieu où Il n'est pas, pour laisser un choix, une liberté à ceux qui ne veulent pas (dans une liberté vraiment mystérieuse) "demeurer" avec Lui.
Une absence qui révèle une présence. Comme le tombeau du matin de Pâques.

Anonyme a dit…

La dualité : Présence - Absence

C’est de la dualité ontologique première que procèdent, dans le monde manifesté, toutes les dualités possibles, tous les couples opposés ou complémentaires que l’on peut rencontrer dans la nature : homme - femme, gauche - droite, bien - mal, etc.
Mais de même que la multiplicité des êtres, éphémère et transitoire au niveau d’un monde ou d’un état d’existence, doit finalement être réintégrée dans l’Unité de L’ETRE, il en est aussi de toute dualité : « la résolution des oppositions et l’union des complémentaires » se réalise au niveau de l’Un.

Citons un extrait des Actes des Apôtres ( prologue ) :

Jésus s’entretient avec les apôtres du Royaume de Dieu. Alors, au cours d’un repas qu’il partageait avec eux, il leur enjoignit de ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre ce que le Père avait promis « ce que, dit-il, je vous ai appris. Jean, lui, a baptisé avec de l’eau, mais vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés sous peu de jours ».
Ils s’étaient réunis et le questionnaient : « Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu vas restaurer la royauté en Israël ? »
Il leur répondit : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et moments que le Père a fixé de sa seule autorité. Mais vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux confins de la terre ».

Quand il eut dit cela, ils le virent s’élever ; puis une nuée vint le soustraire à leur regard. Et comme ils étaient là, les yeux fixés au ciel, pendant qu’il s’en allait, voici que leur apparurent deux hommes vêtus de blanc, qui leur dirent : « Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous ainsi à regarder le ciel ? Celui qui vous a été enlevé, ce même Jésus, viendra comme cela, de la même manière dont vous l’avez vu partir vers le ciel ».

Ce récit plein de symbolisme met en évidence cette Naissance éternelle selon laquelle être baptisé dans l’Esprit Saint ne s’accomplit que hors du temps. Tout homme qui se trouve encore dans le temps, c’est-à-dire dans le champ de toutes les spéculations terrestres, ne peut comprendre cette parole. Il existe au fond de l’homme un quelque chose qui se trouve hors du temps et hors de l’espace. C’est en ce lieu que s’accomplit le baptême dans l’Esprit Saint.

Les apôtres ont cette conviction, encore très actuelle, que le Père a envoyé son Fils pour établir ici-bas un ordre et une organisation des réalités fondés sur une nouvelle éthique dont il serait l’architecte et le garant : un Dieu rendu immanent qui tiendrait lieu de pensée unique pour le plus grand bien de l’humanité. Pourquoi Dieu permet-il de telles violences ? entendons-nous très souvent. La disparition de Jésus laisse, en fait, les êtres humains devant une terrible réalité qui les dépasse : Jésus est à la fois présent et absent.

Le pèlerin ascensionnel a dit…

Une signature, pourquoi pas, Gilles. Mais nos ancêtres étaient-ils assez pleins d'eux-mêmes comme le sont nombre de contemporains ? Si le parti-pris était un acte rituel, ont-ils eu un instant la conscience de faire une oeuvre artistique telle que nous l'entendons aujourd'hui ?

Ce qui nous induit à penser que si Jésus était resté visible au milieu de nous, la liberté de croire serait battue en brèche par l'évidence émanée de sa lumineuse présence terrestre;
Une re-création toujours proposée en Christ, c'est l'invitation du tombeau vide comme l'indique embrasserlemonde !

Et si le tombeau est vide dans un ordre spatial, où est le Christ sinon dans ce centre partout localisé, mais accessible par la porte du coeur où s'accomplit la promesse du baptême comme tu l'écris, Damiette.

Merci à tous pour vos posts appelant des développements judicieux.

Anonyme a dit…

Je te cite :
Si le parti-pris était un acte rituel, ont-ils eu un instant la conscience de faire une oeuvre artistique telle que nous l'entendons aujourd'hui ?


OUI !
Et c'est quand l'homme a su faire çà qu'il s'est définitivement éloigné de l'animal.
N'oubliez pas qu'on avait affaire à des êtres plutôt primaires même s'ils avaient une certaine forme d'intelligence et certaines hypothèses que je lis ici s'appliqueraient peut etre en 2008 mais pas à l'époque préhistorique.
En gros, raisonnez en homme préhistorique et ne vous prenez pas le chou pour histoire de trace de main sur un mur...

Le pèlerin ascensionnel a dit…

Qu'est-ce qu'être primaire, être en prise directe avec tous les éléments de sa vie et les relier ensemble dans un essai de compréhension globale, ou morceler cette compréhension en créant des compartiments étanches bloquant du même coup le jeu des analogies et des correspondances qui nous permettent d'évoluer, de mettre en relation tous les aspects de l'existence ?

Des découvertes récentes tendraient à prouver que les "préhistoriques" observaient le ciel et reproduisaient une carte des astres et calendrier cosmogonique sur des objets ou parois de grotte...