Où vous trouverez des données sur la spiritualité, les traditions sacrées, les religions, le symbolisme, l'ésotérisme chrétien et les vieilles pierres bavardes.
Où l'idéal chevaleresque s'écrira au fil de ces lignes.
Où vous trouverez des clés pour ouvrir des portes.
Où vous lirez toutes les correspondances avec votre propre pèlerinage et le jeu de l'oie, tantôt à passer des ponts, tantôt à être bloqués dans des compréhensions figées, tantôt propulsés vers quelque nouvelle étape.
Où vous me trouverez peut-être à une croisée de chemins.
Où vous trouverez je l'espère l'étrange et lumineux pèlerin d'Emmaüs.

samedi 12 janvier 2008

A la cognée de l'arbre


Le panneau de bois se trouve dans l'église d'Apremont, Vendée. Je n'ai pas réussi à le dater, il semble antérieur à l'église qui est de 1902.

L'évangile de St Luc est le plus prolixe sur l'origine, la naissance, la vocation de Jean. Dans le texte juste après la dédicace à Théophile, le récit concerne "le précurseur". Zacharie et Elizabeth sont des "justes". Ils sont âgés, Elisabeth est stérile écrit Luc. Selon le tour de sa classe Zacharie va officier dans le Temple et est désigné pour offrir l'encens à l'Eternel, (béni soit son Nom). Le peuple est en prière hors du sanctuaire, réservé aux prêtres en un temps précis et selon une intervention codifiée.

Un ange apparait à droite de l'autel de l'encens :
"Sois sans crainte Zacharie, car ta prière a été exaucée. Ta femme Elisabeth t'enfantera un fils et tu lui donneras le nom de Jean...(...)". Il sera une allégresse pour tous, sera grand devant le Seigneur, ne boira pas de boissons fermentées, et sera rempli de l'Esprit-Saint dès le sein de sa mère poursuit l'ange. Il ramènera à Dieu ses enfants perdus et marchera avec la puissance et l'esprit du prophète Elie. Son but sera de préparer un peuple bien disposé. Bien disposé à quoi ? A recevoir "l'Envoyé", le Messie de Dieu qui doit venir après lui.

Zacharie questionne. Il est vieux et sa femme ne peut plus concevoir ! Peut-il avoir un signe pour que cette parole puisse être confirmée ? L'ange se nomme : "Je suis Gabriel qui me tient devant Dieu..." Il voulait un signe, il va l'avoir. Puisqu'il n'a pas cru d'emblée, le silence lui est imposé jusqu'à la naissance de l'enfant. Nature humaine ! Même si quelqu'un ressuscitait des morts, ils ne croiraient pas...

Zacharie ressortit muet du sanctuaire faisant des signes. Les croyants sûrent que quelque chose s'était passé, que deux mondes s'étaient rencontrés.
C'est à la naissance de Jean qu'il recouvrit la parole perdue, en verbalisant le nom de l'enfant choisi par l'ange. Sur le plan humain caractérisé par l'action, former une volonté de Dieu, c'est créer un élan spirituel dynamique qui entraine à sa suite des bienfaits telle la cause est liée à l'effet. Savez-vous que vous pouvez délier les mains de votre ange ? Voire même vous entourer d'anges par votre prière ?

Pour en revenir au panneau de bois, nous sommes arrivés au point où Jean, le prophète-joint de l'ancienne et de la nouvelle alliance aplanit les voies de l'Envoyé (le Christ) par une prédication de repentance. Au bord du Jourdain, les gens viennent à lui, altérés; Quelque chose émane de lui, y'a-t-il là un prophète ? Plus qu'un prophète ? homme du peuple ou docteur de la loi, scribe ou pécheur, sa parole est la même : "Produisez donc des fruits dignes du repentir" (Luc 3,8). Peut-être encore moins tendre avec ceux qui sont censés enseigner le peuple des choses de Dieu, et n'en retirant que des avantages pour eux-mêmes ou des contraintes supplémentaires pour le croyant.
Le baptême qu'il propose est d'eau, image extérieure d'une purification intérieure, la conversion : "Déjà même la cognée se trouve à la racine des arbres; tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu." (Luc 3,9).

Dans la scène représentée, J.B. est adossé à un arbre, il prêche à partir de symboles concrets ! D'autres arbres sont plus petits... N'est-ce pas l'homme dont la croissance ici-bas n'est que temporaire, dont l'enlèvement se fera tôt ou tard. Aura-t-il porté du fruit dans son retournement intérieur ? La variété de personnages représentée va dans ce sens. Une forêt humaine.
L'arbre auquel Le baptiste tourne le dos sera abattu prématurément dans un cachot, il recevra la dernière initiation par la décapitation, une collée suprême !
Clin d'oeil également à l'arbre de la Genèse et de l'Apocalypse. L'arbre de la connaissance de Dieu, l'arbre source.

Les auditeurs sont attentifs, ils semblent dire que faut-il que nous fassions ? Jean leur répond au cas par cas. Aux collecteurs d'impôts il demande de ne pas aller au delà de ce qui est prescrit, ce qui était la tentation première des publicains enclins à arrondir leurs fins de mois. Aux soldats, il conseille de ne pas faire usage d'abus de pouvoir. Au roi Hérode le tétrarque, de ne pas toucher la femme de son frère, ce qui lui vaudra l'emprisonnement.
A tous, il délivre ce message : "Pour moi je vous baptise avec de l'eau, mais vient le plus fort que moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses sandales; Lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et le feu."

L'ange Gabriel (de Gavriel "Dieu est ma force) a été proclamé par le Pape Pie XII en 1951 patron des activités de communication. Qu'il vous annonce la bonne nouvelle, et qu'il vous fortifie ! Et que la hache à la cognée de l'arbre serve à autre chose qu'à vous abattre. A ouvrir votre conscience, par exemple ?


4 commentaires:

Anonyme a dit…

Les eaux, masses indifférenciées, représentent toutes les possibilités de manifestations, toutes les promesses de développement, mais aussi, dans son aspect inverse, toutes les menaces de résorption (actions d’absorber de nouveau ).
Comme le décrit la Genèse, l’eau est la materia prima, la Prakriti citée dans les textes hindous et taoïstes ; le Souffle ou l’Esprit de Dieu planait sur les eaux. Puis on lit dans la Genèse que Dieu crée un firmament qui sépare les eaux suivant une dualité de nature dont on peut imaginer une possible interprétation. Dans les grandes Traditions, l’eau constitue un symbolisme fort : la fécondité, la fertilité, le prâna ( souffle vital ), l’agent de purification, la sagesse, etc…Dans le Tao, l’eau opposée au feu est yin. Elle correspond au froid, au nord, au solstice d’hiver, à la couleur noire. Elle est l’élément dans lequel on se plonge pour effectuer un geste rituel (les eaux du Gange ).

D’après Tertulien : « L’Esprit divin choisit l’eau parmi les divers éléments, car c’est à elle que va ses préférences, car elle apparaît dés l’origine comme une matière parfaite, féconde, totalement transparente. Elle possède une vertu purificatrice et pour cette raison elle est considérée comme sacrée ».
Aussi l’eau admet une importance primordiale dans certains lieux de pèlerinage :
la grotte de Massabielle et le torrent du Gave attirent de nombreux pèlerins qui viennent, non seulement se plonger dans les eaux sacrées dans une démarche de foi, mais marquer une étape dans leur vie et repartir, dans leur spiritualité, sous un jour nouveau et apaisé.

Le Baptême par immersion fut longtemps pratiqué en tant que rite de purification et de renouveau. Il fit partie de l’Action de Jean le Baptiste dans le désert. :

…Alors ils (Pharisiens et Saducéens) s’en allaient vers lui,
Jérusalem, et toute la Judée, et toute la région du Jourdain,
et ils se faisaient baptisés par lui dans les eaux du Jourdain,
en confessant leurs péchés…
(Mat, 3 , 6)
Alors qu’est-ce qui différencie le baptême de Jésus des autres rites d’immersion, immersion dans le Gange, par exemple ?

Il vise une purification non plus rituelle mais morale ; il ne se répète pas et revêt de ce fait l’aspect d’une initiation ; il a une valeur eschatologique.
Le baptême comporte normalement deux phases : .immersion et émergence. A l’heure actuelle, l’immersion est réduite à l’aspersion ; elle indique la disparition de l’être en état de péché dans les eaux de la mort spirituelle, la purification et le ressourcement de l’être. L’émergence révèle l’apparition de l’être purifié par la grâce et raccordé à une source divine de vie nouvelle.
Immersion et émergence représentent donc des rites de passage à la mort et à la naissance ; c’est le baptême dans l’eau, pratiqué par Jean Baptiste qui prophétise l’existence future d’un autre baptême :

Pour moi je vous baptise dans l’eau en vue du repentir ;
mais celui qui vient derrière moi et je ne suis pas digne
d’enlever ses chaussures, lui, vous baptisera
dans l’Esprit Saint et le Feu.
(Mat, 3 , 11)
Le feu représente ainsi un moyen de sanctification moins matériel et plus efficace que l’eau. Il symbolise dans l’Ancien Testament, l’intervention souveraine de Dieu et de son Esprit purifiant les consciences.
Catéchumènes, non encore baptisés, mais envoyés au martyre, ont reçu le baptême du feu.
On remarquera la richesse symbolique des rites catholiques dans l’administration du sacrement : imposition des mains, insufflation, signes de croix, tradition du sel de la sagesse, ouverture de la bouche et des oreilles, renonciation au démon, récitation du Credo, onction de diverses huiles, remise du vêtement blanc et du cierge allumé au cierge pascal.
Toutes les démarches de cette cérémonie initiatrice traduisent la double intention de purifier et de vivifier. Elles consacrent un engagement au service de l’Eglise, confèrent la force de se développer, par la foi et les œuvres, dans le sens de l’Evangile, et réalise dans l’âme du baptisé, la naissance de la grâce principe intérieur de perfectionnement spirituel.

En ce dimanche 13 janvier 2008, le prêtre, évoquant le baptême de Jésus, fait appel au symbolisme de la dualité ontologique : Dieu d’en haut et Dieu d’en bas. La dialectique de l’Eglise Catholique n’est-elle pas, en cette époque de modernité, encore trop exclusivement attachée au seul « Dieu d’en haut » ? C’est la question que je me pose depuis longtemps.

antiochus a dit…

ta phrase : "Nature humaine ! Même si quelqu'un ressuscitait des morts, ils ne croiraient pas..." semble impliquer que la nature humaine telle que tu la conçoit est de ne pas croire ? ai-je bien compris ?

Le pèlerin ascensionnel a dit…

Antiochus, la phrase dans son contexte :

19. « Il y avait un homme riche qui se revêtait de pourpre et de lin fin et faisait chaque jour brillante chère.
20. Et un pauvre, nommé Lazare, gisait près de son portail, tout couvert d'ulcères.
21. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche... Bien plus, les chiens eux-mêmes venaient lécher ses ulcères.
22. Or il advint que le pauvre mourut et fut emporté par les anges dans le sein d'Abraham. Le riche aussi mourut, et on l'ensevelit.
23. « Dans l'Hadès, en proie à des tortures, il lève les yeux et voit de loin Abraham, et Lazare en son sein.
24. Alors il s'écria : «Père Abraham, aie pitié de moi et envoie Lazare tremper dans l'eau le bout de son doigt pour me rafraîchir la langue, car je suis tourmenté dans cette flamme. »
25. Mais Abraham dit : «Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et Lazare pareillement ses maux ; maintenant ici il est consolé, et toi, tu es tourmenté.
26. Ce n'est pas tout : entre nous et vous un grand abîme a été fixé, afin que ceux qui voudraient passer d'ici chez vous ne le puissent, et qu'on ne traverse pas non plus de là-bas chez nous. »
27. « Il dit alors : «Je te prie donc, père, d'envoyer Lazare dans la maison de mon père,
28. car j'ai cinq frères ; qu'il leur porte son témoignage, de peur qu'ils ne viennent, eux aussi, dans ce lieu de la torture. »
29. Et Abraham de dire : «Ils ont Moïse et les Prophètes ; qu'ils les écoutent. » -
30. «Non, père Abraham, dit-il, mais si quelqu'un de chez les morts va les trouver, ils se repentiront. »
31. Mais il lui dit : «Du moment qu'ils n'écoutent pas Moïse et les Prophètes, même si quelqu'un ressuscite d'entre les morts, ils ne seront pas convaincus. » »


Lorsque j'ai écrit "la nature humaine", je faisais référence dans le contexte de cette parabole de l'évangile (Luc 16,19-31) à notre capacité de ne pas mettre en rapport le résultat et la cause. Si sous savions ne pas faire 2 fois les mêmes erreurs, par élimination continuelle nous serions de vrais sages ! Mais voilà, notre nature humaine, ou plutôt devrais-je préciser notre véhicule de la vie passagère tend plus facilement vers la matière que vers l'esprit. Ce en quoi les résurrections sous nos yeux sont impuissantes à faire à notre place le retournement intérieur nécessaire; Notre nature humaine n'est ni de croire, ni de ne pas croire, c'est notre constitution. Elle est juste amputée de sa part divine et sans elle, sommes-nous vraiment humains ?

Dans une vue d'ensemble, avec un peu de hauteur, plus rien ne s'oppose, tout se complète et se réunifie.

A+ Antiochus.

antiochus a dit…

Merci de ces éclaircissements Gunga Din ... ça rejoint quelques unes de mes préoccupations actuelles sur les erreurs répétées à l'infini si elle ne passent pas par le filtre de sagesse de la conscience ...