Où vous trouverez des données sur la spiritualité, les traditions sacrées, les religions, le symbolisme, l'ésotérisme chrétien et les vieilles pierres bavardes.
Où l'idéal chevaleresque s'écrira au fil de ces lignes.
Où vous trouverez des clés pour ouvrir des portes.
Où vous lirez toutes les correspondances avec votre propre pèlerinage et le jeu de l'oie, tantôt à passer des ponts, tantôt à être bloqués dans des compréhensions figées, tantôt propulsés vers quelque nouvelle étape.
Où vous me trouverez peut-être à une croisée de chemins.
Où vous trouverez je l'espère l'étrange et lumineux pèlerin d'Emmaüs.

mercredi 10 octobre 2007

La Loge Mère

Le grand classique des poèmes de Rudyard Kipling, "The Mother Lodge". Facile de le trouver sur le net. Mais il y a une telle atmosphère dans ces phrases empreintes de nostalgie, que je ne résiste pas à l'inscrire aussi dans l'histoire passagère de ce blog.

Et puis, il est difficile d'oublier les maillons de la première chaine fraternelle. Elle se forme et se sépare, mais s'efface-t-elle jamais de notre mémoire ?

Petit lexique :
-Loge : Peut s'assimiler au terme "temple", mais désigne plus largement l'ensemble des frères réunis. La Loge a un nom et un numéro d'ordre.
-Vénérable : Maître Maçon présidant la loge et dirigeant les travaux.
-Landmarks : "bornes". Les règles maçonniques.
-Temple : lieu physique de la tenue.
-Tenue : Réunion périodique des Francs-Maçons au Temple.

Il y avait Rundle, le chef de station,
Beazeley, des voies et travaux,
Ackman, de l’intendance,
Dankin, de la prison,
Et Blake, le sergent instructeur,
Qui fut deux fois notre Vénérable,
Et aussi le vieux Franjee Eduljee
Qui tenait le magasin "Aux denrées Européennes".
Dehors, on se disait : "Sergent, Monsieur, Salut, Salam".
Dedans c’était : "Mon frère", et c’était très bien ainsi.
Nous nous réunissions sur le niveau et nous nous quittions sur l’équerre.
Moi, j’étais second diacre dans ma Loge-mère, là-bas !

Il y avait encore Bola Nath, le comptable,
Saül, le juif d’Aden,
Din Mohamed, du bureau du cadastre,
Le sieur Chucherbutty,
Amir Singh le Sikh,
Et Castro, des ateliers de réparation,
Le Catholique romain.

Nos décors n’étaient pas riches,
Notre Temple était vieux et dénudé,
Mais nous connaissions les anciens Landmarks
Et les observions scrupuleusement.
Quand je jette un regard en arrière,
Cette pensée, souvent me vient à l’esprit :
"Au fond il n y a pas d’incrédules
Si ce n’est peut-être nous-mêmes ! "

Car, tous les mois, après la tenue,
Nous nous réunissions pour fumer.
Nous n’osions pas faire de banquets
De peur d’enfreindre la règle de caste de certains frères.
Et nous causions à cœur ouvert de religion et d’autres choses,
Chacun de nous se rapportant
Au Dieu qu’il connaissait le mieux.
L’un après l’autre, les frères prenaient la parole
Et aucun ne s’agitait.
L’on se séparait à l’aurore, quand s’éveillaient les perroquets
Et le maudit oiseau porte-fièvre ;
Comme après tant de paroles
Nous nous en revenions à cheval,
Mahomet, Dieu et Shiva
Jouaient étrangement à cache-cache dans nos têtes.

Bien souvent depuis lors,
Mes pas errant au service du Gouvernement,
Ont porté le salut fraternel
De l’orient à l’Occident,
Comme cela nous est recommandé,
De Kohel à Singapour
Mais combien je voudrais les revoir tous
Ceux de la Loge-Mère, là-bas !
Comme je voudrais les revoir,
Mes frères noirs et bruns,
Et sentir le parfum des cigares indigènes
Pendant que circule l’allumeur,
Et que le vieux limonadier
Ronfle sur le plancher de l’office.
Et me retrouver parfait Maçon
Une fois encore dans ma Loge d’autrefois.
Dehors, on se disait : »Sergent, Monsieur, Salut, Salam ».
Dedans c’était : "Mon frère " et c’était très bien ainsi.
Nous nous réunissions sur le niveau et nous nous quittions sur l’équerre.
Moi, j’étais second diacre dans ma Loge-mère, là-bas !



Et me retrouver parfait Maçon une fois encore... Là où la différence n'est plus un obstacle, mais une chance.

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