Nous voilà au terme de notre pèlerinage... Tout du moins dans dans cette église là. Mais avant de sortir, attardons-nous un peu sur cette frise à mi-fresque.
Le zodiaque est-il présent sur les murs ? Cela s'est vu ailleurs et n'aurait rien d'étonnant, nos aïeux n'étaient pas des "spécialistes" de genre, mais embrassaient les arts et les sciences dans une conception cosmogonique unifiée cohérente et synthétique, et les restituaient dans la transmission. A vous de voir s'il y a lieu de le penser; Tant de trésors restent encore dissimulés à nos yeux.
Au-dessus d'une fenêtre, une "femme en gloire" entourée d'étoiles lève les bras. Victoire ! De quoi ? Que tient-elle ? Certains parlent d'un bouquet. Nous pourrions trouver dans la mythologie une représentation analogue rappelant l'offrande aux dieux... Il faut bien se rappeler que l'ère et le lieu sont profondément chrétiens. Les étoiles qui l'entourent sont au nombre de douze : "Un signe grandiose apparut au ciel : une Femme ! le soleil l'enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête ;(Apocalypse 12,1)". Mais la lune et le soleil sont absents. Il y a peut-être plus influence que référence. Par contre, la mandorle (aura) qui l'entoure est en amande, typique des iconographies du christ ou de la Vierge. Une croix de St André forme avec le personnage un chrisme.
Celui-ci (bénitier de bout de ban) est au coeur d'une croix dont on peut admirer l'allusion à la Trinité.
En continuant la frise, nous avons une progression dans la vie spirituelle du persévérant. De chaque côté de la fenêtre de la femme au chrisme, un monstre à deux corps avec tête humaine (la bestialité se réunifie dans l'humanité pensante), et un homme combat un dragon (la lutte contre les passions fait rage !).
Ci-dessus, la suite toujours de gauche à droite. Commencez-vous à être familier avec ces figures symboliques ? Le dragon est dompté par l'homme (donc ?), deux oiseaux à têtes humaines se font face (donc ?), et deux oiseaux encore ont une seule tête et une seule couronne pour eux deux. La souffrance de celui qui évolue pour maitriser ses passions et réunifier son être porte ses fruits, il voit ses efforts couronnés. Il se spiritualise "habitant du ciel", orne sa queue de trois plumes (corps, âme, esprit) et accède à la royauté qui "n'est pas de ce monde". Son élévation est sa propre récompense, il se met à ressembler au "Roi des rois".
C'est du tout bon, la bête et ses noirs instincts sont endormis; C'est un chien, sa présence est devenue familière et n'est donc plus dangereuse. Un berger veille sous l'arbre de la connaissance, la sagesse l'habite. Plus loin, son troupeau broute paisiblement. "Pais mes brebis"... Il ne vit plus pour lui mais pour celles qui lui sont confiées (Jean 21, 16).
Mais un peu plus loin, une bête féroce est à l'aguet... Il ne faut jamais se croire tiré d'affaire. C'est peut-être dans ce cartouche de la frise qu'intervient l'orgueil le plus apparemment légitime, la conscience d'avoir beaucoup reçu, et de briller par sa connaissance. "Garde ton esprit en enfer et ne désespère pas" dit la voix intérieure à St Silouane l'athonite. Je garde et je médite.
Je referme la porte de l'église et m'éloigne à regret par l'ancien cimetière orné de dalles funéraires. Combien de morts à moi-même devrais-je accomplir, pour être prêt au moment du dernier grand saut ascensionnel ?
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