Où vous trouverez des données sur la spiritualité, les traditions sacrées, les religions, le symbolisme, l'ésotérisme chrétien et les vieilles pierres bavardes.
Où l'idéal chevaleresque s'écrira au fil de ces lignes.
Où vous trouverez des clés pour ouvrir des portes.
Où vous lirez toutes les correspondances avec votre propre pèlerinage et le jeu de l'oie, tantôt à passer des ponts, tantôt à être bloqués dans des compréhensions figées, tantôt propulsés vers quelque nouvelle étape.
Où vous me trouverez peut-être à une croisée de chemins.
Où vous trouverez je l'espère l'étrange et lumineux pèlerin d'Emmaüs.

samedi 10 novembre 2007

Les étoiles de Ramban et Moïse de Léon



Menorah et souvenir de la synagogue de Besalu, région de Garrotxa, Espagne

Année 1263, Espagne. Pourquoi faut-il toujours se justifier d'être juif ? Justifier de sa foi, de ses textes sacrés devant les nations ?

Nahmanide, rabbin, commentateur de la Torah et des lois juives, médecin et kabbaliste aurait pu se poser cette question lorsqu'il fut nommé par Jacques Ier, roi d'Aragon pour débattre sur le Talmud contre Pablo Christiani de l'ordre des dominicains. Le débat contradictoire passionna Barcelone : Le thème, le Talmud (livre de commentaires et de législation rabbinique). catholicisme contre judaïsme ! Même si chrétiens et juifs cohabitaient sereinement en Espagne depuis le début du moyen-âge si ce n'est plus depuis la diaspora, l'instinct territorial (fut-il celui de l'esprit) gagnait du terrain. Juif converti au catholicisme, le frère Pablo C. orientait la dispute intellectuelle vers un messianisme latent dans cet ouvrage phare de la pensée hébraïque. Sous la protection du roi, Ramban (pour ses fidèles) soutint si bien et si finement la charge dominicaine que les honneurs lui en revinrent. Le roi lui octroya une récompense pécunière, à la plus grande rage des religieux qui arrivèrent à faire emprisonner et bannir Moshe ben Nahman. L'homme d'étude et de foi passa par le Roussillon, et gagna la terre sainte pour finir sa vie à Acre en 1270.


Souvent tolérés, contrôlés, maintenus à distance, les quartiers juifs se fermèrent peu à peu, sous l'effet d'une répression larvée et progressive. Des émeutes éclataient ici et là comme des feux allumés par quelque seigneur attisant la jalousie et l'orgueil de ses gens. Les destructions de biens, les pillages, les impôts particuliers et les expulsions montaient en puissance. Les quartiers se transformèrent en ghettos (Call en catalan) et se fermèrent sur leurs murs mitoyens avec les chrétiens. L'hermétique isolement permit à ces maisons une conservation exceptionnelle (préservation également des cours internes, ruelles...). Si vous passez par Gérone, allez donc rôder autour de la cathédrale. les Mezzouzas ne sont plus là mais la marque de leur emplacement demeure. la culture juive imprègne les lieux.

Les juifs de la contrée de l'Emporda souffrirent particulièrement des répressions croissantes. La province de Gérone se vida des hommes à la rouelle (étoile jaune de l'époque) d'une façon accélérée à partir de 1391. 1492 et son décret d'expulsion jettera le peuple errant sur les routes, temporairement pensaient-ils. Ils confièrent leurs biens à la surveillance de quelques uns qui ne purent (ou ne voulurent) éviter les confiscations et les démantèlements fonciers.

Aujourd'hui encore le vendredi soir, lorsque se couche le soleil et que s'allument les deux bougies annonçant l'arrivée de la fiancée Chabbat, on observe les commandements, et on se souvient que Ramban et Moïse de Léon déambulaient gaiement carrer Força à Gérone, oublieux de leurs libertés rétrécies horizontalement, mais verticalement libres; Un manuscrit de la Kabbale serré sur le coeur de l'un, et dans l'esprit de l'autre les étincelles dansantes du Zohar sous la voûte étoilée d'un ciel espagnol.

Merci à Gilles pour la photo et l'idée du sujet


1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'avoue que certains sujets me sont absolument hermétiques. Néanmoins certains sont très interessants et je repasse régulièrement sur ce blog avec grand plaisir !