Où vous trouverez des données sur la spiritualité, les traditions sacrées, les religions, le symbolisme, l'ésotérisme chrétien et les vieilles pierres bavardes.
Où l'idéal chevaleresque s'écrira au fil de ces lignes.
Où vous trouverez des clés pour ouvrir des portes.
Où vous lirez toutes les correspondances avec votre propre pèlerinage et le jeu de l'oie, tantôt à passer des ponts, tantôt à être bloqués dans des compréhensions figées, tantôt propulsés vers quelque nouvelle étape.
Où vous me trouverez peut-être à une croisée de chemins.
Où vous trouverez je l'espère l'étrange et lumineux pèlerin d'Emmaüs.

lundi 19 novembre 2007

Le rite vécu, un symbole agi


Hormis l'acception triviale à laquelle la société fait référence, et qui attribuerait au rite une valeur d'habitude, voire de manie, le rite ici mis en exergue par René Guénon est cette mise en forme symbolique de réalités spirituelles directement perceptibles à différents niveaux de l'être, selon ses possibilités intellectuelles. La légitimité du symbolisme est de parler un langage cohérent appréhendé intimement par l'entendement, même si ce dernier manque de notions pour analyser l'ensemble des formes présentées au cours d'un rituel. Parler le symbolisme, c'est vivre le rite. Pour exemple dans l'initiation chrétienne, le passage de la mort à la Vie dans l'Esprit-Saint est représentée par l'huile de chrismation appliquée en croix sur le front. Le contraste du signe douloureux (la croix) et du signe doux et parfumé (l'huile) imagent l'essentielle descente au tombeau avec le Christ pour recevoir la suavité de l'onction divine qui descendra jusqu'au coeur, la voie "cardiaque" du Rite Ecossais Rectifié.

Objets, représentations, gestes et paroles sont le quaternaire du rituel. Un autre quaternaire concernant l'Homme éclairé nous intéressera un jour, laissons le temps au temps.

Mais Monsieur Guénon à sûrement quelque chose à nous dire sur ces notions de base :

Nous avons indiqués précédemment que le rite et le symbole, qui sont l’un et l’autre des éléments essentiels de toute initiation, et qui même, d’une façon plus générale, se retrouvent aussi associés invariablement dans tout ce qui présente un caractère traditionnel, sont en réalité étroitement liés par leur nature même. (...)

Si l’on veut examiner de plus près cette identité foncière du rite et du symbole, on peut dire tout d’abord que le symbole, entendu comme figuration «graphique» ainsi qu’il l’est le plus ordinairement, n’est en quelque sorte que la fixation d’un geste rituel (...)

Du reste, il n’en est pas autrement de la parole elle-même, à laquelle ce caractère symbolique est non moins inhérent par sa nature propre : il est bien évident que le mot, quel qu’il soit, ne saurait être rien d’autre qu’un symbole de l’idée qu’il est destiné à exprimer; aussi tout langage, oral aussi bien qu’écrit, est-il véritablement un ensemble de symboles, et c’est précisément pourquoi le langage, en dépit de toutes les théories «naturalistes» qui ont été imaginées dans les temps modernes pour essayer de l’expliquer, ne peut être une création plus ou moins artificielle de l’homme, ni un simple produit de ses facultés d’ordre individuel (...)

On doit pouvoir comprendre maintenant sans peine que tout rite soit littéralement constitué par un ensemble de symboles : ceux-ci, en effet, ne comprennent pas seulement les objets employés ou les figures représentées, comme on pourrait être tenté de le penser quand on s’en tient à la notion la plus superficielle, mais aussi les gestes effectués et les paroles prononcées (celles-ci n’étant d’ailleurs en réalité, suivant ce que nous venons de dire, qu’un cas particulier de ceux-là), en un mot tous les éléments du rite sans exception; et ces éléments ont ainsi valeur de symboles par leur nature même, et non pas en vertu d’une signification surajoutée qui leur viendrait des circonstances extérieures et ne leur serait pas vraiment inhérente.
On pourrait dire encore que les rites sont des symboles «mis en action», que tout geste rituel est un symbole «agi»(...)


René Guénon, "Aperçus sur l'initiation", chap. XVI (Editions traditionnelles)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Gunga din, je tombe par hasard (mais qu'est-ce-que le hasard ?) sur cet article que je n'avais pas lu et qui est en plein sur mes préoccupations du moment ... le discours de certains maçons qui clament que le symbolisme et le rituel ne les intéressent pas commence à me peser ... Comment peut-on se dire franc-maçon et se fermer le principal chemin qui mène au coeur même de l'Ordre ? c'est sans doute la peur d'avancer,la crainte primaire du changement ... Les paroles de René Guénon sont claires et limpides (contrairement à ce que l'on dit de lui habituellement) et donc facile à transmettre ... Bravo d'avoir initié, par cet article, cette chaîne de transmission ... je vis des moments maçonniques importants actuellement, je t'en parlerai par mail ! à bientôt,
Antiochus

Le pèlerin ascensionnel a dit…

O.K. par mail !
Au plaisir d'avoir de tes nouvelles mon Très Cher Frère.
Je t'écris ce soir.

G.D.