Arrivé par l'Ouest, Joseph frappe irrégulièrement à la porte des Libres-Charpentiers. Alors qu'il se présente au portier, une voix retentit au fond de ce qu'il devine une grande salle :
-Qui frappe à la porte ?
-Un homme.
-Comment s'appelle-t-il ?
-Joseph. De la lignée du roi David.
-Que demande-t-il ?
-A rentrer.
-Est-il de bonne réputation ?
-Il est connu pour être un honnête charpentier.
-Qu'on le fasse rentrer, et qu'on le place entre les colonnes.
(il rentre. Il tient un lys, symbole de la pureté de ses intentions. Encore ébloui par la vive lumière du jour, il ne distingue rien.)
La voix en direction de l'Est reprend :
-Que désires-tu ?
Il avait pourtant préparé sa réponse, il ne sait tout-à-coup plus rien. Il ne se sent même pas encore né...
-Je désire... progresser dans le métier... reçevoir, pour savoir mieux donner...
Ses yeux commencent à discerner une forme immobile qui interroge sur le même ton, mélange d'autorité et de mansuétude :
- Si tu doutes, pars, il en est encore temps. Si tes intentions sont perfides, tremble, elles seront percées à jour. Persistes-tu ?
-Oui.
La réponse a fusé, ferme et franche. Il le veut plus que tout, parfaire sa maitrise du métier, pénétrer son art, son sens, sa spiritualité. Réaliser en lui ce qu'il montait extérieurement, un temple à l'Eternel (Béni soit son Nom).
La réponse le saisit dans son introspection fugitive :
-Qu'on le prépare aux épreuves !
La voix commençait à prendre forme mais il est saisi par le bras, et invité à ressortir.
"C'est bien peu de peine" pensa-t-il, "pour devenir ce pour quoi je suis fait et porter le tablier des
Libres-Charpentiers."
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