Où vous trouverez des données sur la spiritualité, les traditions sacrées, les religions, le symbolisme, l'ésotérisme chrétien et les vieilles pierres bavardes.
Où l'idéal chevaleresque s'écrira au fil de ces lignes.
Où vous trouverez des clés pour ouvrir des portes.
Où vous lirez toutes les correspondances avec votre propre pèlerinage et le jeu de l'oie, tantôt à passer des ponts, tantôt à être bloqués dans des compréhensions figées, tantôt propulsés vers quelque nouvelle étape.
Où vous me trouverez peut-être à une croisée de chemins.
Où vous trouverez je l'espère l'étrange et lumineux pèlerin d'Emmaüs.

samedi 22 août 2009

Le bateau de 1809 ans


"En premier lieu, je ne dis pas que tout illuminé soit franc-maçon : je dis seulement que tous ceux que j'ai connus, en France surtout, l'étaient ; leur dogme fondamental est que le christianisme, tel que nous le connaissons aujourd'hui, n'est qu'une véritable loge-bleue(1) faite pour le vulgaire ; mais qu'il dépend de l'homme de désir de s'élever de grade en grade jusqu'aux connaissances sublimes, telles que les possédaient les premiers chrétiens qui étaient de véritables initiés. C'est ce que certains allemands ont appelé le christianisme transcendantal. Cette doctrine est un mélange de platonisme, d'origénianisme et de philosophie hermétique, sur une base chrétienne.
Les connaissances surnaturelles sont le grand but de leurs travaux et de leurs espérances ; ils ne doutent point qu'il ne soit possible à l'homme de se mettre en communication avec le monde spirituel, d'avoir un commerce avec les esprits et de découvrir ainsi les plus rares mystères.
Leur coutume invariable est de donner des noms extraordinaires aux choses les plus connues sous des noms consacrés : ainsi un homme est pour eux un mineur, et sa naissance, émancipation. Le péché originel s'appelle le crime primitif : les actes de la puissance divine ou de ses agents dans l'univers s'appellent des bénédictions, et les peines infligées aux coupables, des pâtiments. Souvent je les ai tenus moi-même en pâtiment, lorsqu'il m'arrivait de leur soutenir que tout ce qu'ils disaient de vrai n'était que le catéchisme couvert de mots étranges. (...)

Ce n'est pas au reste qu'il ne puisse y avoir et qu'il n'y ait réellement dans leurs ouvrages des choses vraies, raisonnables et touchantes, mais qui sont trop rachetées par ce qu'ils y ont mêlé de faux et de dangereux, surtout à cause de leur aversion pour toute autorité et hiérarchie sacerdotales. (...)

Le plus instruit, le plus sage et le plus élégant des théosophes modernes, Saint-Martin, dont les ouvrages furent le code des hommes dont je parle, participait cependant à ce caractère général. Il est mort sans avoir voulu recevoir un prêtre ; et ses ouvrages présentent la preuve la plus claire qu'il ne croyait point à la légitimité du sacerdoce chrétien. (...)

Mais il faut lire surtout la préface qu'il a placée à la tête de sa traduction du livre des "Trois Principes", écrit en Allemand par Jacob Böhme : cest là qu'après avoir justifié jusqu'à un certain point les injures vomies par ce fanatique contre les prêtres catholiques, il accuse notre sacerdoce en corps d'avoir trompé sa destination, c'est-à-dire, en d'autres termes, que Dieu n'a pas su établir dans sa religion un sacerdoce tel qu'il aurait dû être pour remplir ses vues divines. (...)

J'irai cependant mon train, messieurs, comme si le Tout-Puissant avait réussi, et tandis que les pieux disciples de Saint-Martin, dirigés, suivant la doctrine de leur maître, par les véritables principes, entreprennent de traverser les flots à la nage, je dormirai en paix dans cette barque qui cingle heureusement à travers les écueils et les tempêtes depuis mille huit cent neuf ans."


Joseph de Maistre, les soirées de St Pétersbourg, 11° entretien.

L'intelligence et la foi de De Maistre se heurtèrent à la théurgie Pasquallienne, et au libéralisme spirituel de Louis Claude de St Martin. Le comte, est-il besoin de le préciser, adhéra sa vie durant de coeur et de raison aux mystères catholiques dont il fut l'ardent défenseur contre-révolutionnaire. Un brillant esprit peu accessible à la mentalité moderne. Etonnant, non ?

(1) Loge bleue : Premiers et préparatoires grades d'Apprenti à Maître.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je me suis inscrit en juin à l’association XXXXXXXXXXXXX dont le responsable est …franc maçon !!! Là n’est pas le problème. Je lui avais auparavant envoyé de la littérature perso. Or au téléphone, il me demanda plus tard si je n’étais pas franc maçon. Ai-je donc une « g. » de franc maçon ? Ma tournure d’esprit doit sans doute le laisser supposer. Suis-je un peu un illuminé, épris d’ésotérisme ou de je ne sais quoi ?
MC

Le pèlerin ascensionnel a dit…

En tout premier lieu, veuillez m'excuser pour l'oblitération de précisions qui pourraient nuire à cette personne si elle ne désirait pas faire connaitre son appartenance maçonnique. Peut-être cela est indifférent, mais dans le doute, je protège son anonymat. Les malveillants sont légion.

Je vois bien votre étonnement d'être pris pour ce que vous n'êtes pas. Votre capacité à vous ouvrir aux possibles, votre esprit de recherche, et quelque autre qualité nécessaire au "travail en Loge" semblent vous appartenir. Je prends ça comme un sacré compliment de la part de ce Frère, tant il est vrai que les hommes et femmes d'aujourd'hui sont dans un grand sommeil de la conscience, connaissent leurs maux et sont incapables d'en définir la source.

Je vous souhaite de bons et fructueux travaux sur le sujet qui vous passionne, et de nombreuses connexions avec La Vérité.