Où vous trouverez des données sur la spiritualité, les traditions sacrées, les religions, le symbolisme, l'ésotérisme chrétien et les vieilles pierres bavardes.
Où l'idéal chevaleresque s'écrira au fil de ces lignes.
Où vous trouverez des clés pour ouvrir des portes.
Où vous lirez toutes les correspondances avec votre propre pèlerinage et le jeu de l'oie, tantôt à passer des ponts, tantôt à être bloqués dans des compréhensions figées, tantôt propulsés vers quelque nouvelle étape.
Où vous me trouverez peut-être à une croisée de chemins.
Où vous trouverez je l'espère l'étrange et lumineux pèlerin d'Emmaüs.

samedi 26 janvier 2008

Landeronde, poutres et retables (2)

Les retables sont classés aux monuments historiques.
Le retable principal est situé tout au fond du choeur, en position centrale, au-dessus du maître-autel en pierre sculptée et peinte. Il s'agit de l'assomption de la Vierge Marie au ciel, emportée par les anges. Daté de 1722, il est signé MARTINEAU dans le soubassement.


200 ans avant la proclamation du dogme de l'Assomption par Pie XII, la figuration ici présente témoigne de la piété populaire que le dogme ne fait qu'entériner. Textes apocryphes et révélations privées forment parfois la base de doctrines catholiques étagées successivement les unes par rapport aux autres : Un credo évolutif en quelque sorte. C'est la particularité du catholicisme peut-être plus prononcée que dans l'orthodoxie encore. Nos frères et soeurs protestants s'en étonnent, eux dont la Parole révélée dans la Bible constitue la référence première. Ainsi s'explique la croissante importance de Marie durant vingt siècles, jusqu'à son éminence actuelle.
A la suite du Christ, son Fils, la Vierge s'allongea dans le sommeil de la mort, ressuscita incorruptible et fut admise dans le Saint des Saints véritable, Dieu. Ca ne vous rappelle rien ? Demandez à Hiram.

Un peu avant le choeur, au sud, un retable de moindre grandeur, St Marc surplombe un autel en granit gravé de la date 1585.



L'évangéliste retrace la vie de Jésus dont Pierre lui a raconté les épisodes et transmis les paroles. L'inspiration lui vient d'En-Haut, telle un rayon lumineux émané d'une nuée circulaire traditionnellement enveloppante des représentations de Dieu le Père (parfois sous la forme d'une écharpe ou d'un voile). Rayon/Esprit-Saint, nuée/Dieu le Père et croix/Jésus-Christ, en trois symboles circonscrits dans un espace réduit de l'oeuvre, la Sainte Trinité chrétienne !

Un autre élément intéressant, est le lion aux pieds du rédacteur de l'évangile. Regardons un peu la tête. Gueule aux dents serrées, toute la moitié supérieure est quasi humaine. Solaire dans sa crinière, fort par sa machoire, spirituel par sa face anthropomorphe : son animalité assagie (couchée) reste déterminée dans tout ce qu'elle a de plus haut, la tête, siège de l'esprit.

Troisième et dernier retable, La Vierge remettant un rosaire à St Dominique De Guzman et l'Enfant Jésus un autre à Ste Catherine de Sienne. Aux pieds de Dominique, un chien tenant dans sa gueule une torche. Pourquoi ?


Le latin facilita un jeu de mots avec l'ordre des dominicains, DOMINICANIS. Il suffit de séparer le nom en deux, et nous avons DOMINI CANIS, littéralement "le chien du Seigneur". Pour le flambeau, il est à mettre en parallèle avec la parole doctrinalement orthodoxe portée en terre hérétique; La mère du Saint eut, dit-on, avant la naissance de l'enfant un songe : Il parcourait le monde de sa parole enflammée...

Allez, un petit bonheur pour terminer. Le tétragramme divin dans un triangle qui lui-même se trouve dans un delta. Au nombre d'or ?



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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ici vient se greffer le mystère de Marie. La Mère divine, la Théotokos, symbolise la sublimation la plus parfaite de l’instinct maternel et l’harmonie la plus profonde dans l’acte d’Amour.

Les questions fondamentales que je me suis posées durant ma vie, se rapportent au cloisonnement existant entre les conceptions occidentales et les conceptions orientales de l’Etre. Nous sommes tous créés sur le même moule, seules diffèrent les divers aspects de la Culture, et il est bien vrai que l’Orient ne transmet pas le même patrimoine spirituel que l’Occident, au point de créer un profond fossé d’incompréhension. J’ai été attaché, non à imaginer un syncrétisme des religions, mais à concevoir une certaine vision unifiée de l’esprit…d’autant plus que la science moderne fait découvrir de nouvelles réalités et de nouveaux paradigmes. En ce sens, le problème de la place de Marie, Mère de Dieu et celui de l’âme, dans la métaphysique chrétienne, m’ont inspiré de nombreuses réflexions.

Le Mystère concernant la Vierge, exempte du péché originel, est donc lié au fait surnaturel selon lequel Marie s’identifie à la Possibilité Universelle, ce qui n’affecte pas sa liberté ni l’ensemble de ses caractéristiques humaines. La dogmatique mariale ne peut donc être discutée au seul niveau des neurones et des chromosomes ! Retrouver en soi son « Archétype éternel », c’est réaliser en soi le mystère de la Vierge, ce qui dépasse de loin les démarches purement affectives que nous inspire la féminité et le courage d’une femme que nous jugeons sublime. On se retrouve un peu au sein des doctrines orientales qui s’appuient sur le principe de l’identification et de la fusion…avec, il est vrai, une Réalité tout autre.

L’Assomption de la Vierge Marie après sa Dormition, symbolise indépendamment de la réalité historique du fait, la spiritualisation absolue de son être, corps et âme.
Dans ce cadre métaphysique, la Vierge mère de Dieu symbolise :
la terre orientée face au ciel
qui devient ainsi : une terre transfigurée, une terre de lumière
d’où son rôle et son importance dans la pensée chrétienne, en tant que modèle et pont entre le terrestre et le céleste, le bas et le haut.
Ce n’est plus le ciel sur la terre mais la terre transportée au ciel.

Le pèlerin ascensionnel a dit…

Comme tu le dis Damiette, le syncrétisme religieux ne nous intéresse pas, puisque loin de réunir quoi que ce soit en une compréhension homogène, il dilue chaque tradition pour en créer une autre, composite.

Or, le contenu du christianisme parait suffisant pour qu'y puisse s'y développer la grâce et notre effort. Ce qui n'exclut pas de retrouver les racines de l'arbre chrétien dans la spiritualité juive ! Ou de trouver des connexions entre des valeurs correspondantes d'une voie exotérique à une autre.

Si Dieu (j'ai toujours scrupule à employer un terme si vague puisque ce qu'il représente est au-delà de tout), donc si Dieu est UN, l'Homme ne peut que retrouver l'Unité par sa propre unité. La perfection divine et humaine du Christ constitue un "hors-jeu" qui fait de son modèle un absolu que notre imperfection se fait une joie de souligner pour mieux légitimer sa faiblesse. Par contre Myriam, fille d'Israël semble représenter notre être et notre devenir ("Respectueusement conservée par la nature, vénérée avec soin par la loi, Marie fut choisie avec prédilection par la grâce" Sermon de St Bernard); Sa vocation est inscrite dans l'immémorial des écritures, son élection, son appel, sa maturation progressive, sa prise de conscience dans l'histoire du salut, et sa prophétique réintégration en Dieu pour préfigurer la nôtre lui confère de fait un statut jamais connu, et que l'on ne verra peut-être jamais plus jusqu'à la Parousie : Le rôle de guide sûr et fidèle qui nous est donné, une Mère qui nous prend pas la main, quoi !

Nous ne sommes plus dans une symbolique purement morale ni même spirituelle (bien que les représentations les plus hautes en comportent aussi les aspects intermédiaires), nous rentrons de plain-pied dans cette réalisation ultime de l'être dont la composante la plus transitoire (la chair) est visitée par l'essence de Dieu qui est VIE. La boucle est bouclée de la matérialité à l'esprit, et de l'esprit à la matérialité transfigurée, rétablie dans sa non-corruptibilité. Ainsi, le lien est fait avec ce que tu en dis de la "terre transportée au ciel".