Revenons à Livron, Tarn-et-Garonne. Ce sanctuaire n'a pas tout dit, aujourd'hui il livre encore un peu de son message. Je ne vous ai pas parlé de Marie-Madeleine... (Matthieu 26,6-13) :
6. Comme Jésus se trouvait à Béthanie, chez Simon le lépreux,
7. une femme s'approcha de lui, avec un flacon d'albâtre contenant un parfum très précieux, et elle le versa sur sa tête, tandis qu'il était à table.
8. A cette vue les disciples furent indignés : « A quoi bon ce gaspillage ? dirent-ils ;
9. cela pouvait être vendu bien cher et donné à des pauvres. »
10. Jésus s'en aperçut et leur dit : « Pourquoi tracassez-vous cette femme ? C'est vraiment une »bonne œuvre» qu'elle a accomplie pour moi.
11. Les pauvres, en effet, vous les aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m'aurez pas toujours.
12. Si elle a répandu ce parfum sur mon corps, c'est pour m'ensevelir qu'elle l'a fait.
13. En vérité je vous le dis, partout où sera proclamé cet Évangile, dans le monde entier, on redira aussi, à sa mémoire, ce qu'elle vient de faire. »
Je vous fais grâce des nombreuses théories sur ce personnage des Evangiles, sur les triples personnages pouvant la composer, sur le nombre des onctions et leur administration double (tête et pieds). Retenons seulement ici les thèmes du parfum et de la sépulture.
Dans l'imagerie religieuse, Marie-Madeleine est représentée tenant un vase, un récipient, un calice. Le parfum est versé sur Jésus en préfiguration de sa sépulture, elle annonce à son insu l'ensevelissement relativement proche du Maître. Que le traitement du corps de Jésus défunt soit effectif selon St Jean (par Nicodème) ou non effectué (par les saintes femmes attendant la fin du Shabbat), le Corps du Christ est parfumé par avance; Or, le parfum est l'offrande à Dieu dans l'Ancien-Testament, l'huile parfumée la consécration royale par l'onction de l'élu, et l'onguent servant à préparer les morts rituellement. Il y a donc ici une reconnaissance de la divinité du Christ, de son statut royal et de sa descente au tombeau.
Nous retrouvons Marie-Madeleine et son calice, devant la grotte (du dragon) de Livron.
La chapelle de droite de l'église est dédiée à la Sainte vénérée plus particulièrement en Provence. C'est Jean de Caraygue en 1338 qui la fit ériger. Il n'y a rien de surprenant à trouver la mémoire (Mt 26,13) de la sainte devant la grotte (lieu du retrait sacré, de la maturation secrète avant la naissance à la lumière). Le dragon (notre énergie primaire) est maitrisé, le tombeau est vide (le Christ est ressuscité) et la coupe est pleine. Mais si elle est vide de parfum, de quoi s'est-elle remplie ? Du précieux sang du Christ, comme le voudrait la légende du Graal ? Et pourquoi pas du sacrifice de louange réservé à Dieu, parfum de bonne odeur ?
1 commentaire:
Et pourtant on pourrait en faire des pages et des pages sur Livron ! Un endroit extraordinaire qui le mérite. Mais c'est peut-être mon chauvinisme Tarn-et-Garonnesque qui parle ? Va savoir ?
Enregistrer un commentaire