Où vous trouverez des données sur la spiritualité, les traditions sacrées, les religions, le symbolisme, l'ésotérisme chrétien et les vieilles pierres bavardes.
Où l'idéal chevaleresque s'écrira au fil de ces lignes.
Où vous trouverez des clés pour ouvrir des portes.
Où vous lirez toutes les correspondances avec votre propre pèlerinage et le jeu de l'oie, tantôt à passer des ponts, tantôt à être bloqués dans des compréhensions figées, tantôt propulsés vers quelque nouvelle étape.
Où vous me trouverez peut-être à une croisée de chemins.
Où vous trouverez je l'espère l'étrange et lumineux pèlerin d'Emmaüs.

dimanche 7 octobre 2007

Les morsures passionnelles

Une église, un temple au Très-Haut, un lieu consacré à l'élévation : les influences mauvaises doivent restent à la porte. L'illustration de cette purification nécessaire de l'esprit et de l'âme s'inscrit dans la pierre taillée de l'art des bâtisseurs. Sur cette frise en relief ornant le portail principal de l'église de Caylus (82), de chaque côté de la lourde porte, se déroule un bestiaire fantastique et symbolique.


Etres hybrides, corps animaux et têtes humaines se liant et se succédant, dans une course hasardeuse, tel l'écheveau de nos pensées se liant les une aux autres sans trouver de répit.

Animalité du corps et de ses besoins, visage de l'intellect tourné vers nous :

Comment ne pas penser à ce passage présent dans 2 évangiles, Marc et Matthieu : "Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation, l'esprit est ardent mais la chair est faible". (Mt 26,41 et Mc 14,38)

Et le bestiaire continue, tête d'âne sur corps d'iguane (asservissement de la chair à l'intelligence bornée), dragon mordu par un chien (force vitale bloquée par les besoins instinctifs), et dans le même registre de ce dernier symbolisme, deux dragons freinés dans leur élan se retournent, mordus par un personnage affreux, aux ongles et dents acérés :


N'y aurait-il pas quelque désir sombre, quelque péché capital nous empêchant de rejoindre la Vie, le Christ ? Car c'est bien Le Christ qui "joint" la frise. Notre force vitale et primaire semble s'élancer vers la spiritualité quelquefois, se fait rattraper par ses faiblesses et son manque de persistance dans le travail sur soi, néglige l'abandon à l'Esprit et regarde en arrière. L'oiseau (symbole aérien, légèreté de l'esprit porté à contempler les hautes réalités :

Ici, l'oiseau ne vole pas, mais regarde "haut", il ne picore pas les graines terrestres mais voit dans les frondaisons de la forêt humaine les cimes illuminées de la conscience, éclairées par un soleil "hors cadre". L'oiseau est également signe de l'Esprit-Saint, troisième personne de la Trinité dans la conception chrétienne de Dieu (protestante, orthodoxe et catholique).

Une Vierge à l'enfant et une scène de crucifixion terminent la frise du côté droit.

Là où il y aurait dû avoir une fin, il y a un début. L'échec de la croix devient la victoire de l'Amour qui pardonne, principe de libération. Du côté ouvert jaillissent le sang (du salut) et l'eau (de l'Esprit); "Tout est accompli" dit le Christ : La mort elle-même est vivifiée par la Présence de la Vie, l'adoption effective de Jean par Marie (Voici ton Fils), et la présence définitive de Marie chez l'Apôtre (Voici ta Mère). L'arbre de la croix devient Arbre de Vie, planté sur la terre, étendant aux 4 points cardinaux son message victorieux. Notre existence peut être transcendée, tous sont appelés à la réalisation en eux de Dieu. La bonne nouvelle de l'échec du mal et de la mort est parvenue jusqu'à nous. Et nous pourrions déboucher sur un sujet en soi, Dieu n'a pas fait le mal ni la mort, leur donner une raison d'être reviendrait à les légitimer; mais ils deviennent ce que nous en faisons : Ou ils nous font entrer dans leur ronde infernale, où nous les prenons tels qu'ils arrivent pour les terrasser en ne regardant pas en arrière mais haut et loin, vers le Christ.

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