Où vous trouverez des données sur la spiritualité, les traditions sacrées, les religions, le symbolisme, l'ésotérisme chrétien et les vieilles pierres bavardes.
Où l'idéal chevaleresque s'écrira au fil de ces lignes.
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dimanche 17 février 2008

Silouane l'Athonite, starets du Mont Athos

"Père Silouane, moine du grand habit (1). Nom civil : Syméon Ivanovitch Antonov, paysan de la province de Tambov, district de Lébédinsk, village de Chovsk. Né en 1866. Arrivé au Mont Athos en 1892. A reçu le petit habit en 1896, le grand habit en 1911. A accompli les obédiences suivantes : au Moulin, à Kalamaréia (domaine du monastère situé hors du Mont Athos), au Vieux Rossikon, à l'Economat. Décédé le 24 septembre 1938."

C'est ce que nous apprennent les archives du monastère où le Starets Silouane, dit Silouane l'Athonite vécut son monachisme orthodoxe et sa vocation d'orant.

Les souvenirs du petit Syméon remontent à la circonstance de ce marchand ambulant de passage dans la famille, l'accueil des pèlerins ou des itinérants représentant une forme d'hospitalité traditionnelle chez les paysans russes. L'homme asséna un "Où est-il donc ce Dieu ?" qui creusa dans l'enfant une nécessité, celle de se mettre à sa recherche. La foi brûla comme un feu à ses 19 ans, au récit du pèlerinage de sa mère auprès d'un célèbre ascète. Feu vif et passager, qui nourrit en lui quelques temps le goût de la prière dans la certitude des choses invisibles, jusqu'au désir d'intégrer le monastère de Kiev. Son père lui conseilla le service militaire, qui le vit profiter à l'égal des autres des plaisirs du jeu et de l'alcool. Endurant, les trois litres de vodka étaient avalés au cours d'une soirée, et les plus durs travaux n'avaient pas raison de sa robustesse... Force qu'il ne sût maitriser lors d'une altercation avec un paysan querelleur qui voulut lui dérober son accordéon. Le coup à la poitrine qu'il infligea à l'importun laissa ce dernier gravement blessé, convalescent et rancunier. Mais "Dieu m'a gardé" témoigna Syméon.

Un songe lui fit avaler un serpent qui se glissa dans sa bouche, et le fit se réveiller dans un profond dégoût. Une locution intérieure lui dit "Tu as avalé un serpent en rêve, et cela te répugne. De même, je n'aime pas voir ce que tu fais". Les appels à la vie religieuse étaient désormais bien loin. A partir de ce jour, Syméon rectifia son coeur et choisit un chemin de conversion.

A un homme infidèle profondément triste que son épouse ait enfanté pendant sa longue absence, il dit : "Si toi tu n'as pas pu te retenir, crois-tu que pour elle cela ait été plus facile ? Tu as de la chance d'être un homme, tandis qu'elle, une seule fois peut suffire pour la rendre enceinte. Réfléchis un peu où tu es allé ! Tu es plus coupable devant elle qu'elle ne l'est devant toi. Pardonne-lui... Quand tu arriveras à la maison, prends le petit enfant dans tes bras, comme si c'était le tien, et tu verras que tout ira bien."

Libéré de son service dans la Garde, il rassembla quelque offrande pour le monastère vers lequel il se mit en route.
Une courte retraite au bout de laquelle il remit ses fautes à son confesseur, et le coeur léger Syméon intégra la communauté.
"Combat" est vraisemblablement le mot le plus adapté pour définir sa vie religieuse. Combat contre lui-même, combat pour le monde qui le fit verser le "sang de son âme".
Le Frère Silouane pratiquait assidument la prière du coeur continuelle, joyau de l'hésychasme. "Seigneur Jésus-Christ Fils de Dieu Sauveur prends pitié de moi pécheur" reposait en son âme comme une échelle sans fin posée contre les cieux. "La nuit même mon coeur veille" disent les écritures. Ceux qui pratiquent cette prière connaissent l'étrange sensation d'en être imprégné de jour et de nuit...

Son livre de chevet, la philocalie, la perle de l'hésychasme.

Pendant les vêpres, en lieu et place de l'icône du Sauveur, il eut la grâce de voir le Christ Vivant.

Des phénomènes magiques liés à l'intensité de sa pratique ascétique se comptèrent au nombre de ses tentations, mais ne purent le terrasser. Au plus dramatique de ses luttes intérieures, une parole résonna en lui : "Tiens ton esprit en enfer et ne désespère pas". La conscience de sa densité spirituelle menaçait le moine d'orgueil; Il se calqua sur cette parole et tint son esprit en enfer, c'est-à-dire descendu dans sa tombe, comme mort aux artifices brillants des apparences, il regardait son but éternel avec la foi, l'espérance et l'amour de ceux qui sont réellement abandonnés à la Providence de Dieu.
La révélation de ce caractère particulier de l'humilité lui garda la tête hors de l'eau et l'esprit élevé, tandis qu'il devenait une lumière pour nombre de visiteurs et correspondants, mais lumière méconnue par ses frères de religion. Son ministère humble de soutien et de prière appela l'irrigation de l'Esprit-Saint en lui et sur les autres; L'Amour inondait alors son être, rayonnant sur chacun son principe d'action vivifiant et mobile, n'existant que pour être donné. Gloire rayonnante que les hébreux durent contempler sur le visage de Moïse descendant de la montagne, les tables de la Loi dans les bras...

-"Starets, est-ce que vous allez mourir ?" Lui demande son confident dans sa cellule.
-"Je n'ai pas encore atteint l'humilité !" Fut sa réponse.

Transféré à l'infirmerie du monastère, des frères lui chantèrent le canon de la Mère de Dieu. On pria avec lui les matines, et une heure et demie plus tard l'infirmier fut étonné de le trouver mort. En toute sérénité, il partit doucement et discrètement pour la dernière patrie le 24 septembre entre une et deux heures du matin. L'enterrement eut lieu le jour même, à quatre heures de l'après-midi.

(1) Le monachisme orthodoxe compte trois degrés, le premier est le passage du postulant à l'état de novice sans voeux, le second celui des voeux définitifs dit prise du petit habit, le troisième est la prise du grand habit, une confirmation élevée des voeux.


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