Le christianisme, une voie initiatique élitiste à l'origine ?
Dans le cadre d'une société initiatique et traditionnelle le symbolisme véhicule une doctrine sacrée et secrète par nature; Si ce n'était pas le cas, il ne serait partagé qu'une morale profane recouverte de dorures philosophiques;
Au commencement de l'église, les catéchumènes n'accédaient à la table de communion qu'au terme d'une longue épreuve faite de patience et d'instructions (chemin graduel et initiatique de l'Ordo restructuré par le dernier Concile de l'église catholique.)
Le langage symbolique du rite forme l'écorce du sens délivré, plus tout-à-fait à l'extérieur du propos, pas tout-à-fait à l'intérieur.
La discrétion Franc-Maçonnique ne fait que respecter l'ordre des choses, comme l'exprime l'étymologie des mots « sacrée » et « secrète » qui signifie couper, séparer, mettre à part (René Guénon, Aperçus sur l'initiation, chapitre XVII). Dès lors qu'une société initiatique se sépare de ses références spirituelles, il est légitime que son ouverture vers l'extérieur s'accroisse à la même vitesse qu'elle se ferme à toute intériorité religieuse.
La présence d'une doctrine secrète au sein de l'initiation chrétienne est affirmée par Origène et Clément d'Alexandrie; nos exégètes bibliques actuels ne voient plus dans leurs propos qu'une croyance comme une autre.
"Qu'est-ce que Jean (le Baptiste) enseignait, sur la prière, à ses disciples qui accouraient de Jérusalem, de toute la Judée et des régions voisines pour recevoir de lui le baptême ? Comme il était plus qu'un prophète", (cf Mt 11,9), il voyait à propos de la prière des choses qu'il ne transmettait probablement pas à tous ceux qu'il baptisait, mais à ceux qu'il enseignait en secret, en plus du baptême."
(Origène – traité sur La prière chapitre I-5, éd. Migne, collection « Les pères dans la foi »).
2 commentaires:
Lors d’un examen universitaire de physique générale qui se déroulait il y a 50 ans, l’épreuve pratique qui me fut attribuée, portait sur l’utilisation d’un spectroscope mobile dans le but d’observer certaines caractéristiques d’un objet microscopique. Celui-ci occupait le centre d’un support circulaire tandis que l’appareil pouvait être déplacé le long de la périphérie. Une source de lumière blanche permettait d’entreprendre l’étude de la configuration de l’objet compte tenu des résultats fournis par les mesures angulaires opérées sur les différentes raies spectrales. Qui ne connaît ces fameux anneaux lumineux composant l’arc- en- ciel après la pluie ?
Si je cite cet événement apparemment assez banal sur le plan scientifique, c’est qu’il contient une grande valeur métaphorique. L’objet central, qui ne révèle rien au niveau de l’observation directe, peut être considéré comme le symbole d’une réalité dans son sens absolu. Le spectroscope, qui a le pouvoir de transformer la nature invisible pour nos sens en une analyse intelligible faisant intervenir les couleurs de l’arc-en-ciel, représente pour moi tout l’ensemble des facultés de la psyché.
Celle-ci se comporte comme une sorte de « filtre » qui va laisser passer seulement des modèles et des images tels que les expressions du langage, l’ensemble des nombres entiers, l’univers infiniment suggestif des formes géométriques, le réservoir abondant des concepts et des notions, le trésor infiniment riche de nos émotions et de nos intuitions, etc…
Il faut savoir que dans toutes les cultures, les couleurs ont revêtu d’ailleurs des symboliques particulières : elles représentent soit des divinités, soit des éléments dans les œuvres d’art, soit des symboles religieux, soit des représentations de certaines réalités fondamentales telles que le soleil et la lumière, l’eau et la nature, le monde des planètes, etc…Les couleurs peuvent être liées aussi aux facultés de l’esprit. Elles sont donc, dans ce champ symbolique, les composantes de la Conscience Rationnelle.
Cette conscience rationnelle dérive de l’expérience que nous avons des réalités. Elle a pour fonction d’établir des rapports entre les choses, de les distinguer, de les comparer, de les séparer, de les mesurer, de les contempler et de les classer par catégories. L’abstraction est le trait essentiel de cette connaissance.
Ainsi, à l’instar de cet appareil magique qui nous livre certains secrets de la matière, nous savons construire une « carte intellectuelle » de la réalité dans laquelle les choses se réduisent à leur profil général. La philosophie peut ainsi s’enrichir de toute une pédagogie capable de nous apprendre à réfléchir et à comprendre l’organisation du monde et en particulier l’organisation ordonnée de tous nos modes de pensée.
Le mouvement du spectroscope autour de son axe central évoque un événement très ancien ; celui qui nous rappelle les déplacements, autour de l’une des pyramides d’Egypte, de ce grand précurseur nommé Thalès. Avec lui nous assistons à l’éclosion véritable de la démarche mathématique qui s’affranchit de tout l’imaginaire lié à la culture antique, mais qui porte encore en soi une certaine image cohérente des structures unifiées de la pensée humaine. Dans sa démarche l’homme est Symbole, celui d’une organisation universelle.
Merci pour ce commentaire très pointu.
"Tout n'est-il pas symbole dans la région physique que nous habitons ? Et le caractère naturel des corps n'est-il pas l'indice hiéroglyphique de leurs propriétés et de leurs principes ?"
Louis Claude de St Martin, L'homme de désir, II-295.
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